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Basilique de Damous El Karita: Carthage-Tunisie


La basilique de Damous El Karita est une basilique chrétienne tunisienne en ruines datant de l'Antiquité tardive et de l'époque byzantine. Elle est située sur le plateau de l'odéon au sein du site archéologique de Carthage.

Complexe architectural chrétien le plus important connu au sein de la capitale de l'Afrique proconsulaire, il est selon Noël Duval à la fois l'un des « plus célèbres monuments paléochrétiens » mais aussi l'un des « plus maltraités et mal connus ». Le complexe architectural a en effet constitué l'un des ensembles cultuels chrétiens les plus conséquents de l'Afrique du Nord de l'Antiquité tardive et alto-médiévale. Outre deux églises, l'ensemble a comporté au moins un martyrium, des hypogées et une rotonde souterraine à l'interprétation complexe et qui fait débat.

Il s'agit du premier monument chrétien découvert à Carthage mais l'ensemble a été fouillé « incomplètement [et] dans des conditions désastreuses » selon Noël Duval. Si la construction est dégagée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle par le père Alfred Louis Delattre, la fouille du complexe n'a jamais été achevée ; des études partielles ont encore eu lieu à la fin des années 1990 sur la rotonde par une équipe tuniso-autrichienne sous la direction d'Heimo Dolenz.

L'importance du complexe a fait dire aux spécialistes que le lieu était non seulement un centre funéraire mais aussi un lieu de pèlerinage majeur lié à des cultes de saints inhumés en ce lieu et aussi de fêtes religieuses importantes.

L'identification de la basilique est complexe mais, à la suite des derniers travaux, certains auteurs en acceptent l'identification avec une basilique connue par les sources littéraires comme la basilica Fausti.

Le complexe reste incomplètement fouillé au début des années 1990. La surface connue du complexe en est cependant de 15 000 m2 dont 2 925 m2 pour le quadratum populi9.

Les recherches archéologiques qui ont eu lieu afin de trouver tombeaux et inscriptions paléochrétiennes ont dépouillé le monument de la majeure partie de son matériel, ce qui explique pourquoi ses vestiges actuels ne sont guère impressionnants. Des milliers de sépultures ont été retrouvées tant dans l'atrium que dans la basilique stricto sensu. Le complexe, outre la fonction funéraire liée à des sépultures saintes, semble avoir été le lieu de fêtes religieuses importantes liées à ses martyrs, voire l'un des lieux de pèlerinage les plus importants de toute l'Afrique du Nord.

Le congrès eucharistique de 1930 concourt à en brouiller la lecture par l'ajout de moignons de colonnes. Nombre de photographies réalisées durant le premier tiers du XXe siècle, avant ces restaurations intempestives, ont toutefois été conservées.

Immense édifice au départ (mesurant 65 mètres sur 453 avec neuf nefs et onze travées pour l'espace central), le site se compose, outre la basilique, d'un baptistère et d'un ensemble pouvant avoir abrité des moines (ou des religieuses selon Delattre). Dans son dernier état, le monument est très réduit, avec trois nefs et cinq travées uniquement, ce qui dénote une forte dégradation.

Au nord-est de la basilique se trouve un atrium semi-circulaire avec un portique entouré d'une galerie couverte. Sur son extrémité se situe une chapelle funéraire en forme de trèfle, peut-être un martyrium dédié aux martyrs des IIe-IIIe siècles. Delattre pense que les murs étaient revêtus de mosaïques et que chaque absidiole comportait un sarcophage. Cette chapelle a abrité une tombe dont peu d'éléments subsistent. Ces deux premiers éléments forment un ensemble homogène selon Noël Duval, ce qui semble écarter l'hypothèse originelle d'une chapelle tréflée primitive. Au milieu de la cour avec portique se trouvait une fontaine octogonale qui a servi aux ablutions.
L'élément le plus massif du complexe est une église à neuf (puis onze) nefs, dont la plus large mesure 12,80 mètres et onze travées dont les piliers sont à chapiteaux corinthiens, les fûts des colonnes en marbre vert et les chapiteaux et bases en marbre blanc. Le bâtiment principal, orienté sud-ouest - nord-est mesure 65 mètres sur  ; il a été remanié même si les travaux du xxe siècle en brouillent la lecture. Duval considère que les fondations orientées nord-est - sud-ouest appartiennent à une étape tardive du bâtiment. Au centre de l'église se trouvaient l'autel et un ciborium ; le père Delattre note que les autels en Afrique étaient souvent en bois. Les autels en Afrique étaient souvent situés au milieu de la foule des fidèles — avec des reliques situées à leur base — et encadrés par une enceinte. Cet aménagement n'a pas été mis en évidence à Damous El Karita du fait des fouilles destinées à recueillir du matériel archéologique. Les nombreuses sépultures qui y ont été dégagées semblent confirmer la présence de reliques, tout comme les éléments du complexe ayant pu commémorer des saints.



Les inhumations ad sanctus ont conduit à la naissance des mosaïques funéraires retrouvées en grand nombre en Afrique48. La couverture de la croisée des deux plus grandes nefs est indéterminée : Stéphane Gsell a pensé à une coupole mais une charpente avec lanterneau n'est pas exclue selon Noël Duval. Au centre de l'édifice, il semble y avoir eu une coupole comme dans d'autres édifices à Mcidfa, Bulla Regia, Sbeïtla ou Leptis Magna.

Les archéologues ont retrouvé deux absides au sud-ouest et au sud-est, une troisième ayant été construite ultérieurement au sud-est, bâties dans des matériaux qualifiés de mauvais par Delattre. La principale abside, celle du sud-ouest, est bâtie dans la septième travée. L'une des absides était encore ornée de mosaïques avec des vases et des fleurs entre autres ornements.
Le mur sud-est est bordé par des chambres, des chapelles et des hypogées. Au sud se trouve une seconde église plus petite (35,75 mètres sur 24,55) avec un baptistère carré à cuve hexagonale en marbre vert, très mal conservé, même si Delattre signale trois degrés sur ses côtés ; ce baptistère est inclus dans les fondations des colonnades. À partir du ve siècle, tout desservant du culte a pu administrer le baptême alors qu'auparavant cette cérémonie était réservée à l'évêque.

À l'ouest se situent des chapelles à des fins liturgiques et une salle hypostyle avec sur ses côtés des cellules et des chapelles où les archéologues ont retrouvé des mosaïques funéraires et des sarcophages. Dans l'espace appelé armoires étaient conservés selon Delattre les huiles, les vases et les linges nécessaires lors des baptêmes. Delattre a aussi signalé sur le côté occidental un caveau voûté avec arcosolium d'une hauteur et d'une longueur supérieure à trois mètres. La cella possédait un décor simple de mosaïque blanche et cinq arcosolia ayant abrité des sépultures. Les fouilles ont livré des sépultures dont l'une contenait du fil d'or et un début d'étude anthropométrique a été mené sur deux squelettes.

Basilique de Damous El Karita vue de l'ouest
Les cellæ qui appartenaient au complexe basilical avaient un usage divers : logement des employés du complexe ou stockage de livres ou du matériel selon Delattre. Les sacristies avaient selon Noël Duval des affectations variées : stockage de matériel, préparation des membres du clergé ou des actes religieux. Entre la grande église et la rotonde, un édifice assure l'unité du complexe ; les travaux récents ont confirmé qu'il s'agissait d'un secretarium ayant abrité des conciles connus par les textes au début du Ve siècle.
L'élément le plus important des annexes connues est localisé au sud-ouest : il s'agit d'une rotonde souterraine de 9,15 mètres de diamètre intérieur avec une coupole. Deux escaliers symétriques, voûtés et en équerre permettent d'y accéder ; le plafond est encore partiellement recouvert de tubes de terre cuite. Le corridor est long de 10,40 mètres et forme un angle avant d'accéder à la salle souterraine. Un corridor permettait d'entrer et l'autre de sortir selon Delattre, celui-ci se basant sur l'interprétation d'une mosaïque retrouvée.
La crypte contenait seize colonnes de marbre rose, hautes de 3,45 mètres et distantes l'une de l'autre de 1,60 mètre, ainsi que des niches. Une seule colonne était intacte, les autres ayant été redressées par l'équipe de fouille. Des chapiteaux de l'époque de Théodose ont été retrouvés dans le monument et déposés au musée Lavigerie. Ils étaient décorés d'aigles ou de béliers et alternaient avec des niches. Le sol portait une mosaïque en mauvais état et un stylobate de deux mètres de diamètre ayant peut-être comporté des colonnes.

Les dalles en sont larges de soixante centimètres. L'étage supérieur comportait une tholos avec un déambulatoire. Une colonnade périptère aurait été remplacée par un massif quadrangulaire. Les fouilles du secteur sont incomplètes et Duval cite également une exèdre de 25 mètres de diamètre située à proximité et des éléments retrouvés de l'autre côté de la route, dont la continuité pourrait laisser penser à une basilique en liaison avec un mausolée.

Rotonde située à proximité de la basilique

La rotonde aurait été dans ce cas le chevet de l'édifice basilical. La fonction de la construction n'est pas connue avec certitude, Delattre pensant y voir un baptistère transformé en chapelle à une époque ultérieure. Colette Picard évoque soit un baptistère soit un tombeau. Stephen Boyadjiev, à l'issue de son étude de 1973-1974, parle d'un baptistère monumental pourvu d'un portique. Noël Duval pour sa part cite une conduite d'eau mise en valeur par Alexandre Lézine, pouvant étayer une fonction de baptistère mais considère finalement dans le même article un « tombeau de martyr ou de saint, organisé pour les pèlerinages et à côté duquel aurait été construite une basilique funéraire ». Les travaux de l'équipe de 1996-1997 confirment cette interprétation. Le saint auquel été voué le martyrium n'est pas identifié par Noël Duval mais l'édifice est un « dispositif de pèlerinage » selon l'interprétation la plus vraisemblable des vestiges. L'organisation des lieux était destinée à rendre plus aisée le mouvement des pèlerins9. Yann Le Bohec évoque pour le monument une construction vers 400 et une fonction de memoria.



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