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Eilean Donan

Eilean Donan est une petite île du Royaume-Uni située en Écosse, administrée par le Council Area de Highland. Elle est reliée à l'île de Grande-Bretagne par un pont en pierre qui conduit à un château fort occupant une bonne partie de l'île. Cet édifice, construit et remanié à de nombreuses reprises à partir du début du XIIIe siècle, est abandonné à l'état de ruine en 1719 à la suite d'une bataille qui l'endommage fortement. Racheté par le clan MacRae, il est reconstruit entre 1912 et 1932 en préservant le style architectural. Depuis, il accueille de nombreux visiteurs qui le considèrent comme le château le plus romantique d'Écosse. Il fait aussi partie des châteaux les plus photographiés d'Écosse et il a également servi de décor pour de nombreux films.
Eilean Donan est aussi appelée Ellandonan en anglais et Eilean Donan, Eilean Donnáin, Eilean Dhonnain ou encore Ellendonan en gaélique écossais. Le château est quant à lui appelé Eilean Donan Castle, Castle Donnan ou Ellandonan Castle en anglais ou encore Caisteal Eilean Donan et Caisteal Eilean Donnáin en écossais. Ces toponymes signifient « île de Donan » et « château de l'île de Donan » en français.


L'histoire d'Eilean Donan est intimement liée à celle de son château. Avant sa construction, l'île, probablement découverte à la Préhistoire tout comme le reste de l'Écosse, est inhabitée et il en est fait très peu mention. Eilean Donan tire vraisemblablement son nom de Donan d'Eigg, un évêque irlandais arrivé en Écosse vers 580. Il y évangélise la population celte et vit en ermite sur l'île avant de mourir en 618. De nombreuses églises des environs sont dédiées à Donan et une communauté religieuse est fondée sur Eilean Donan à la fin du VIIe siècle. L'île est notamment choisie en raison du séjour du religieux mais aussi parce qu'elle dispose d'une source d'eau douce. Le devenir de cette communauté jusqu'à la construction du château reste inconnu mais une forteresse picte aurait été construite sur l'île.
Le château d'Eilean Donan commence à être édifié à partir du début duXIIIe siècle, peut-être en 1220 ou en 1230 peut-être par le roi Alexandre II ou III pour aider à renforcer les défenses contre les Danois ou par Farquar II, comte de Ross. À cette époque et depuis le IXe siècle, les Vikings effectuent des raids en Écosse au point de contrôler et de s'installer dans certaines parties du pays. Ces possessions vikings dans les îles Britanniques n'obtiennent leur indépendance complète vis-à-vis du royaume de Norvège qu'au milieu du XIIIe siècle et sont alors dirigées par les Seigneurs des Îles. Soucieux de défendre ses terres, le roi écossais Alexandre II choisit Eilean Donan, située à une position stratégique au carrefour de trois lochs maritimes, pour y installer un ouvrage défensif. Il meurt en 1250 en combattant les Vikings mais son fils Alexandre III en est victorieux en 1263 et récupère toutes les terres écossaises qu'ils détenaient.
Le château d'Eilean Donan est agrandi à de nombreuses reprises après sa construction au point d'occuper la totalité de l'île. Le château fort est alors ceinturé par un chemin de ronde renforcé par des tours qui encerclent un donjon élevé au point culminant de l'île. Les dimensions du château seront finalement ramenées au cinquième de cette taille maximale à la fin du XIVe siècle pour des raisons obscures, peut-être pour adapter l'ouvrage au nombre de soldats disponibles pour le défendre. Son remaniement se poursuit avec l'ajout au XVIe siècle d'une plateforme dans la partie orientale du château afin d'y recevoir des canons, la nouvelle arme à feu de l'époque.
Le futur roi d'Écosse Robert Ier se serait réfugié à Eilean Donan alors qu'il était poursuivi par les Anglais et c'est depuis le château qu'il serait parti à la reconquête de son trône, le récupérant quelques mois plus tard. L'ouvrage défensif sert ainsi à de nombreuses reprises contre des ennemis étrangers mais aussi au cours des luttes entre clans écossais comme ceux des MacRaes et des MacDonalds. Le château est habité pendant une longue période par des hommes du clan MacKenzie qui l'acquièrent au XIVe siècle et il est géré par un connétable. Ce titre, un des plus prestigieux du Kintail à l'époque, revient aux MacRaes à la suite d'un acte de guerre lorsque Duncan MacRae, alors simple éclaireur au château, parvient à en assurer seul la défense contre une attaque du clan MacDonald en 1539. Avec la Première Révolution anglaise au milieu du XVIIe siècle, des troupes royalistes stationnent temporairement dans le château, le clan MacKenzie étant opposé aux républicains.
À la fin duXVIIe siècle, la Glorieuse Révolution oppose le peuple et des parlementaires britanniques, soutenus par l'armée hollandaise et plus de 3 000 huguenots français, aux partisans du roi Jacques II d'Angleterre qui sera finalement renversé en 1688. L'Espagne, qui soutient le roi d'Angleterre, envoie en 1719 à Eilean Donan une garnison de 46 ou 48 soldats jacobites qui se retranchent dans le château. Ils ont à leur disposition une poudrerie et sont en attente d'armes et de canons en provenance d'Espagne. Cet armement du château déclenche les hostilités entre la garnison jacobite et le gouvernement britannique arrivé au pouvoir avec la révolution.
Le 10 mai 1719, ils y dépêchent trois frégates, The Enterprise, The Flamborough et The Worcester, qui bombardent le château trois jours durant. Ce dernier résiste assez bien grâce à l'épaisseur de ses murs qui atteint en certains endroits quatorze pieds, soit plus de quatre mètres. L'assaut final est mené par l'infanterie qui reprend le contrôle du château et y découvre 343 barils de poudre à canon réunis dans le but de faire sauter le château.

À la suite de cet épisode qui endommage grandement le château, celui-ci est abandonné à l'état de ruine et l'île reste inhabitée et inutilisée pendant près de 200 ans.
En 1911, John MacRae-Gilstrap rachète l'île et y entreprend la restauration du château à partir de 1912 avec l'aide de Farquar MacRae qui joue le rôle de conducteur de travaux. Dans un premier temps, le site est dégagé des blocs épars afin de révéler la structure du château. Ce n'est qu'en 1920 que l'édification proprement dite commence, s'achevant en juillet 1932, soit au bout de vingt ans de travaux. D'un coût de 250 000 livres sterling, cette réhabilitation constitue le quatrième gros remaniement du château depuis sa construction. La reconstruction des bâtiments et la restitution de leur architecture se font uniquement sur la base des ruines encore visible sur le site. Ce n'est qu'une fois l'ouvrage terminé que des plans du château sont retrouvés dans les archives du château d'Édimbourg. Par comparaison de l'ancien et du nouvel aspect du château, il s'avère que la reconstruction a été d'une grande fidélité au style originel.


Les ruines permettent de deviner l'organisation générale du château. Celui-ci se compose d'une cour intérieure avec dans son angle nord-est le donjon, d'une longueur de 57 pieds (17 mètres), d'une largeur de 43 pieds (13 mètres) pour une épaisseur des murs de 10 pieds (3 mètres), ainsi que dans sa partie sud un autre bâtiment rectangulaire. À l'extérieur de la cour se trouve une tour à sept côtés de 20 pieds (6 mètres) de diamètre et dont la base est située en contrebas de la cour intérieure. Cette structure, qui pourrait être une ancienne citerne d'eau douce, est reliée aux murailles orientales par deux murs d'une épaisseur de 5 pieds (1,5 mètre) et qui auraient pu atteindre une hauteur de 15 pieds (4,5 mètres). Les murs d'enceinte de la cour sont percés de deux portes. La principale, fortifiée, dans le mur sud ainsi qu'une plus petite dans le mur ouest qui permettait vraisemblablement d'accéder directement au château depuis le loch Duich avec une petite embarcation. La salle des gardes, aux murs de quatorze pieds (4 mètres) d'épaisseur et au plafond voûté, les cuisines, où la préparation des repas se fait sans équipement moderne, ou encore la salle du banquet avec ses poutres apparentes, sont les pièces les plus remarquables du château, lequel est entièrement meublé et décoré dans le style du Moyen Âge. Érigée à l'occasion de la reconstruction du château, une stèle à la mémoire de Canadiens, d'Australiens et de membres du clan MacRae tombés au combat lors de la Première Guerre mondiale, se dresse à l'extérieur des murs.

Le château reste une propriété familiale tout au long du XXe siècle, même lorsque le Conchra Charitable Trust est créé en 1983. Cette société de bienfaisance est mise en place par des membres du clan MacRae afin d'assurer la gestion, l'entretien et la restauration du château. Ainsi, parmi les récents aménagements effectués dans le château et ses abords, il y a la création de six chambres au troisième étage en 1996 ainsi que la rénovation de la toiture et des murs extérieurs d'une partie du château au début des années 2000. L'accès routier à l'île et au château a été réaménagé en 1997 et 1998 par la création d'une voie centrale sur la route A87 dont le tracé a été redessiné ainsi que l'agrandissement et le réaménagement du parking et du centre des visiteurs. Ce centre des visiteurs regroupe le point de vente des billets pour le château, une boutique souvenir et un centre d'exposition sur la rénovation du château. Il permet aussi à toute personne ne pouvant gravir les nombreuses marches du château d'effectuer une visite virtuelle du lieu.








Le baptistère de l'Église de l'unité en Kelibia

L’œuvre est l’une des pièces maîtresses du musée de Bardo en Tunisie depuis sa découverte dans l’église appelée «de l’unité», à sept kilomètres de Kélibia, plus précisément à Demna. Elle a été trouvée dans les ruines d’une basilique, à proximité de la mer.  Son état définitif est supposé par les archéologues au moment de la reconquête byzantine. La cuve a été datée de la deuxième moitié du VIème siècle.
Description: La cuve est élevée sur un pavement de mosaïque de forme carrée, décorée sur les angles par quatre cratères (calices de grandes dimensions) desquels s’échappent des rinceaux ou pampres de vigne. Le pavement comporte un seuil sur lequel est inscrit: Pax fides caritas (Paix, foi, charité). Cela ressemble à la salutation de Saint Paul dans ses lettres et donc il est fort probable que soit située ici l’entrée du bâtiment, entraînant une orientation du chrisme présent au fond de la cuve baptismale.


La cuve, en forme de croix grecque, possède un bassin quadrilobé dont chaque bras comporte un degré pour la descente. Tout le rebord est décoré par deux lignes de texte avec les bases des colonnes: «En l’honneur du saint et bienheureux évêque Cyprien, chef de notre église catholique avec le saint Adelphius, prêtre de cette église de l’unité, Aquinius et Juliana son épouse ainsi que leurs enfants Villa et Deogratias ont posé cette mosaïque destinée à l’eau éternelle»; les dédicants et dédicataires sont ainsi nommés.
Signification: Christian Courtois a évoqué la disposition des personnages et la signification du baptistère: «après avoir passé le seuil, le catéchumène trouvait à sa gauche l’évêque. Le message divin était dans sa direction, et il pouvait accéder à la fois à la connaissance de la religion chrétienne ainsi que la récompense par le calice de lait et de miel, un mélange offert au nouveau baptisé.
Tout le décor est symbolique: l’aspirant au baptême était représenté sous la forme d’une colombe. La colombe avec le rameau d’olivier annonce la paix du croyant, l’arche de Noé témoigne de l’unité et de la pérennité de l’Eglise. Un baldaquin témoigne de la victoire du christianisme. La coupe annonce la communion et les cierges symbolisent la foi et le Christ. Les poissons symbolisent les âmes et les arbres évoquent le jardin du Paradis. L’arche de Noé, symbole de l’unité de l’Église, peut témoigner des circonstances d’élaboration de l’œuvre: il s’agit des luttes entre donatistes et catholiques, le donatisme persistant en Afrique jusqu’à la conquête arabe. Les donateurs témoignaient, par le don de l’ouvrage, de leur attachement à la tradition catholique».
Un détail à noter: Adelphius, était évêque de Thasvalte, alors qu’ici il est qualifié de prêtre. Les donateurs voulaient affirmer la prépondérance de l’évêque martyr Saint Cyprien comme primat d’Afrique.
La valeur symbolique est donc forte, témoignant du triomphe du Christ et de la croix ainsi que du Paradis promis aux fidèles par le baptême.



Cathédrale Notre-Dame de Munich

La cathédrale Notre-Dame (Dom zu Unserer Lieben Frau ou plus couramment Frauenkirche en allemand) est la plus grande église de Munich, capitale de la Bavière. Siège de l'archidiocèse de Munich et Freising, elle est située dans le centre de la ville, sur la Frauenplatz (à environ cinq minutes de la Marienplatz). Elle est un emblème de la ville et une attraction touristique.
Aujourd'hui, la cathédrale et le nouvel hôtel de ville (Neues Rathaus) dominent le centre de la ville, et leurs tours peuvent être vues de toutes parts. Un règlement de la ville de Munich, pris après un référendum populaire en 2004, interdit la construction de bâtiments de plus de cent mètres. On peut gravir la tour sud pour admirer une vue panoramique de la ville et des Alpes bavaroises.
La cathédrale actuelle a remplacé une église plus ancienne du XIIe siècle. Elle a été commanditée par le duc Sigismond et construite par Jörg von Halsbach. La construction a commencé en 1468 et les deux tours ont été achevées en 1488. L'église a été consacrée en 1494. Cependant, les célèbres dômes qui surmontent chaque tour datent de 1525. Leur conception a été copiée du Dôme du Rocher à Jérusalem, d'inspiration byzantine, les contemporains pensant qu'il s'agissait d'une représentation du Temple de Salomon, et elle a été inspirée des gravures de Breydenbach de son livre Peregrinatio in Terram Sanctam qui furent largement répandues à partir de 1486, ainsi que de la célèbre Chronique de Nuremberg d'Hartmann Schedel publiée en 1493.

La cathédrale a subi de très graves dommages pendant la Seconde Guerre mondiale — le toit s'est effondré et une des tours a été endommagée. La restauration, commencée à la fin du conflit, s'est achevée en 1994.
La Frauenkirche a été construite en brique rouge dans le style gothique tardif. Ses dimensions sont de 109 mètres sur 40. Les deux tours atteignent 99 mètres de hauteur, avec une tour plus grande que l'autre de 12 centimètres. La conception originale prévoyait des flèches aiguës pour compléter les tours, tout comme la cathédrale de Cologne, mais elles n'ont jamais été construites par manque d'argent. Au lieu de cela, les deux dômes ont été construits pendant la Renaissance, et d'aucuns les trouvent mal adaptés stylistiquement au reste du bâtiment. Pourtant ils sont aujourd'hui le symbole de Munich. La forme du dôme dans le vocabulaire architectural de l'époque est une figuration de la Jérusalem céleste.

La cathédrale se présente sous forme d’une église-halle à trois nefs, c’est la dernière des églises de ce style à avoir été construite dans la ville des Wittelsbach.
Avec son volume de 200,000 m3, Notre-Dame de Munich est la plus grande église gothique de brique au nord des Alpes, Église Sainte-Marie de Gdańsk a seulement 155 000 m3.
L’intérieur donne une impression de hauteur et de simplicité dépouillée. La Frauenkirche peut contenir 20 000 fidèles debout. Une grande partie de l’intérieur gothique a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Les reconstitutions semblent pâles en comparaison de l’original.
Cependant, on peut voir à l’entrée de la nef gothique le Teufelstritt (« Coup de pied du diable »). C’est une marque noire ressemblant à une empreinte de pas avec une petite queue accrochée au talon, qui, selon la légende, se trouve où le diable s’est tenu quand il s’est moqué de l’église « sans fenêtres » que Halsbach avait construite. En effet, aucune des fenêtres latérales ne peut être vue de la tache quand on regarde le Maître-autel.

On trouve dans l’église une collection d’œuvres d’art des xive et xve siècles. La dépouille de saint Bennon, évêque de Meissen canonisé au XVIe siècle, y est vénérée.

La crypte contient les tombeaux des archevêques de Munich et de Freising et aussi des membres de la maison de Bavière, la dynastie des Wittelsbach :
* Louis IV, Empereur ;
* La duchesse Béatrice de Świdnica ;
* Le duc Louis V ;
* Le duc Étienne II ;
* La duchesse Élisabeth de Sicile ;
* La duchesse Marguerite de Nuremberg ;
* Le duc Jean II ;
* Le duc Guillaume III ;
* Le duc Ernest ;
* La duchesse Élisabeth Visconti ;
* Le duc Adolphe ;
* Le duc Sigismond ;
* Le duc Albert IV ;
* la duchesse Cunégonde d'Autriche ;
* Suzanne de Bavière
* Le duc Guillaume IV ;
* La duchesse Marie-Jacobée de Bade-Sponheim ;
* Le duc Albert V le Magnifique ;
* La duchesse Anne d'Autriche ;
* Philippe-Guillaume de Bavière ;
* Ferdinand de Bavière ;
* Maria Pettenbeck
* Maximilienne-Marie de Bavière ;
* Le roi Louis III de Bavière ;
* la reine Marie-Thérèse de Modène ;
L’ensemble des cloches (de la Frauenkirche), représente avec ses 5 cloches médiévales et 2 cloches baroques conservées un des plus précieux carillons d’Allemagne. La grande cloche “Salve”, avec un poids approximatif de 8 tonnes, figure parmi les plus grandes cloches de la Bavière et est réputée dans tout l’Europe comme une des plus harmonieuses cloches du Moyen Âge.




Herculanum

Herculanum (en latin Herculaneum, en italien Resina puis Ercolano depuis 1969) était une ville romaine antique située dans la région italienne de Campanie, détruite par l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C., conservée pendant des siècles dans une gangue volcanique et remise au jour à partir du XVIIIe siècle par les Bourbon-Deux-Siciles qui régnaient sur Naples.
La cité était petite avec une superficie de 12 hectares, dont environ 4,5 ha ont été dégagés, et une population estimée à quatre mille habitants. La cité n'est qu'en partie connue, la plupart des édifices publics ou cultuels étant inconnus à ce jour.
À partir de 1738, les premiers fouilleurs creusèrent des tunnels dans la gangue qui emprisonne la cité, à la recherche d'œuvres d'art et de marbre. Le roi des Deux-Siciles organisa les fouilles de ce premier chantier archéologique du monde occidental, dont les produits contribuèrent à la diffusion du néoclassicisme dans la seconde moitié du siècle. La décision de faire les fouilles à ciel ouvert fut prise en 1828, celles-ci prenant une ampleur particulière au XXe siècle, qui vit des découvertes importantes dont un grand nombre de squelettes dans les abris à bateaux bordant la plage (permettant de mieux appréhender le destin de la population), et le dégagement de la grande villa des Papyrus.

Ces remarquables vestiges apportèrent une considérable connaissance de terrain sur la civilisation romaine au Ier siècle car ils ont livré un matériel archéologique exceptionnel, en particulier en bois, et également des œuvres littéraires inconnues jusqu'alors, dans les papyrus de la bibliothèque de la vaste villa.
La notoriété d'Herculanum est éclipsée par celle de Pompéi, mais le site offre pourtant sur un périmètre concentré des vestiges très évocateurs, grâce à leur élévation et la restauration de nombreuses couvertures. Elle est moins célèbre, moins vaste, et du coup moins visitée que sa voisine. Pourtant, de toutes les cités ensevelies par l'éruption du Vésuve, c'est la mieux préservée.
Herculanum offre un témoignage inestimable sur l'architecture, les objets du quotidien et sa population avec le groupe de cadavres retrouvés sur la plage antique. Il semble cependant qu'à Herculanum le cataclysme de l'an 79 ne fut pas trop meurtrier : une inscription du IVe siècle mentionne l'existence à Naples d'un quartier des Herculanéens, indice qui confirmerait selon l'historien Nicolas Monteix que la plupart des habitants ont pu s'enfuir, au contraire de Pompéi.
Ce site à ciel ouvert subit aujourd'hui les assauts de la pluie, du soleil, du vent. Il souffre en outre des remontées d'humidité : le sol de la cité se trouve tout près de la nappe phréatique, à 25 mètres de profondeur.
Moins d'un quart de la cité antique a été tiré de terre. Les fouilles se sont arrêtées là où commence la commune actuelle d'Ercolano. La majorité des monuments publics et religieux sont toujours recouverts par la ville moderne. Manquent, par exemple, le « macellum » (marché) et les temples.
À l'occasion du tricentenaire de la découverte du site, une importante exposition s'est tenue au musée archéologique de Naples d'octobre 2008 à avril 2009, qui a fait sortir des réserves de magnifiques statues trouvées dans la villa des Papyrus.
Herculanum ne nous apparaît aujourd'hui que pour une partie, celle voisine de la mer, tandis que restent encore ensevelis sous l'habitat moderne une partie du forum, les temples, de nombreuses maisons et les nécropoles. Cette connaissance partielle est pour beaucoup sur la relative méconnaissance de la ville par rapport à sa voisine Pompéi.
Les huit îlots d'habitation rectangulaires (insulae) repérés au xviiie siècle ont été numérotés en partant de I, au coin nord-ouest et en continuant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. La partie orientale, interprétée lors de premières fouilles comme une grande villa et dégagée ultérieurement, suit une désignation particulière, insula orientalis I et II. La partie visitée est constituée des quatre insulae III, IV, V et VI, d'environ 40 m sur 90 m, complètement dégagées et délimitées par des rues à peu près perpendiculaires, selon la norme du plan hippodamien grec. Chaque insula est divisée en parcelles rectangulaires, occupées chacune par une maison. Malgré l'absence de respect de l'orientation de la voirie selon les axes cardinaux, rituelle chez les Romains, ces axes ont été nommés par les archéologues selon la dénomination romaine : decumanus maximus, decumanus inferior, recoupés par les cardines numérotés de I à V, dont seuls sont dégagés les III, IV et V.
L'ensemble est limité au sud-est par une palestre partiellement dégagée et au sud-ouest par les remparts qui avaient, à l'époque de l'éruption, perdu toute fonction défensive, et diverses installations au pied de ces murs. Ce quartier est visible en vue panoramique lorsqu'on commence la visite du site. Le trajet d'entrée des visiteurs longe le site du côté de la palestre puis des remparts par un cheminement au niveau moderne, ce qui offre une spectaculaire vue panoramique et surplombante sur les vestiges. De nombreux intérieurs de maison sont toutefois fermés à la visite.
Les vestiges nous offrent une vision évocatrice de l'habitat romain, avec sa voirie soignée, ses fontaines, ses maisons à étage aux façades ouvertes de portes monumentales et de fenêtres rares et hautes, inaccessibles au regard extérieur. L'intérieur des maisons capte parcimonieusement la lumière du jour tout en évitant l'ensoleillement direct grâce aux puits de lumière constitués par l'atrium et les petites cours intérieures, qui sont parfois luxueusement décorées de fontaines monumentales (nymphées).
Les formes d'habitat sont plus variées qu'à Pompéi. La maison dite patricienne (domus) s'organise selon un axe central, formé par un vestibule d'entrée qui mène à l'atrium et au tablinum, pièces où le maître de maison recevait ses clients. Plusieurs de ces maisons ont évolué et transformé leur étage en pièces de location accessibles par un escalier indépendant. D'autres plans moins classiques apparaissent : maisons modestes où une cour remplace l'atrium, immeuble collectif de l'insula orientalis, vastes villas du front de mer avec leur jardin intérieur et leur belvédère aménagé pour jouir de la vue sur la baie1. Des formes d'architecture nouvelles apparaissent avec les premiers cryptoportiques dans la maison de l'Atrium en mosaïque et la maison des Cerfs.
La description ci-après suit le plan d'ensemble de droite à gauche, et haut en bas, en partant de l'emplacement supposé du forum et de l'insula VII.
Conformément à l'organisation des cités antiques, le centre d'Herculanum est le lieu où se trouvent les bâtiments publics et les espaces de réunion : le forum et son annexe couverte, la basilique, le théâtre. En revanche, le temple qui mettait la cité sous la protection d'un dieu majeur fait défaut en l'état des fouilles. Le seul édifice cultuel découvert est une sorte de chapelle intégrée dans l'insula VI, le Sacellum des Augustales, fort différent du classique temple à colonnes isolé sur son aire sacrée.
Le théâtre fut le premier vestige d'Herculanum découvert par hasard en 1709 par le comte d'Elbeuf, qui l'exploita pendant des années comme une carrière de marbres précieux, et en extrait des statues dont deux statues féminines qui furent immédiatement vendues et prirent la direction de Dresde à la cour de Saxe, où elles suscitèrent plus tard l'enthousiasme de Winckelmann par leur « noble simplicité et sereine grandeur ». Les fouilles officielles menées de 1738 à 1777 permirent par de nombreuses galeries en tous sens de connaître l'architecture du théâtre et de récupérer une partie des nombreuses statues qui le décoraient.
De nos jours, il n'est que très partiellement dégagé et l'on y accède encore par les tunnels creusés à l'époque des Bourbons. Il n'est pas raccordé au site principal, et comme il se situe dans l'axe du decumanus, on pense qu'il devait être relié au forum. Il demeure l'unique vestige des anciennes fouilles encore visible.
Le théâtre est typique du théâtre romain à l'hémicycle construit et ne profitant pas du relief. Les inscriptions que l'on découvrit permirent d'apprendre que l'édifice a été construit ou restauré à l'époque d'Auguste par L. Annius Mammianus Rufus selon les plans de l'architecte P. Numisius, le décor datant des règnes de Claude et Néron. D'un diamètre de 53 mètres, il est structuré en trois séries de gradins en tuf volcanique, 4 gradins pour la partie proche de l'orchestre, 16 gradins en 6 secteurs pour la partie médiane, et 3 gradins en haut. Sa capacité est évaluée à deux mille places (2500 selon Maiuri).
Mur de scène selon François Mazois (1783-1826)
Le mur qui fermait la scène était richement décoré de placages de marbre, tous pillés, et sur deux niveaux, de 9 et 6 niches contenant des statues toutes brisées, dont on n'a récupéré qu'un torse d'Hercule. À chaque extrémité de la scène, un piédestal présentait les statues de deux personnalités marquantes d'Herculanum, identifiées par les dédicaces : Nonius Balbus et Appius Claudius Pulcher, peut-être un des consuls de 38 av. J.-C.. Ces deux statues ont été perdues à cause de l'inorganisation des premières fouilles, probablement à l'époque du Prince d'Elbeuf.
Le pourtour arrondi du mur extérieur du théâtre était également orné de statues en bronze plus grandes que nature comme celles de deux notables en toge, M. Calatorius Quartius et L. Mammius Maximus. S'y ajoutaient les statues impériales d'Agrippine la jeune, de Tibère, de Livie. Toutes ces œuvres furent regroupées au musée royal de Portici, puis à Naples.

Dans le secteur proche du théâtre et dès le début des fouilles, on découvre des fragments de bronze dispersés de ce qui est identifié comme un quadrige grâce au moyeu d'une roue et au timon d'un char. L'envoi de premiers débris découverts à la fonte provoqua une telle indignation que les fouilleurs reconstituèrent un cheval à partir de quelques éléments disponibles, ce que Maiuri qualifie ironiquement d'habile union entre fonderie antique et sculpture contemporaine. Une autre tête de cheval et plusieurs morceaux du conducteur furent également sauvés. Ce matériel ayant été visiblement démantelé et charrié par la vague volcanique, on ignore quel bâtiment ornait cette statue d'apparat, peut-être le mur du théâtre ou un autre monument.
La Basilique occupe l'angle nord-est de l'insula VII non dégagée, desservi par le Cardo III. Quoiqu'elle soit encore ensevelie, elle a été intensivement explorée par des tunnels sous les Bourbons, de 1739 à 1761, ainsi que par quelques petites excavations au début des années 1960.
Un plan a été tracé au XVIIIe siècle à partir des observations de ces explorations souterraines. Le centre du bâtiment reste toutefois inconnu, car non exploré en raison des risques d'effondrement du terrain. Ce qui est repéré est un grand espace rectangulaire long de 40 mètres environ, ouvert sur la rue par cinq portes surmontées d'un portique. L'espace intérieur est divisé par trois alignements de colonnes. Les murs latéraux étaient rythmés par des demi-colonnes, encadrant des niches exposant des statues, dont un certain nombre ont été retrouvées intactes et ont été identifiées par les inscriptions sur leur piédestal. Elles représentaient Marcus Nonius Balbus et des membres de sa famille, son père, sa mère et ses filles et quelques statues impériales, Néron et Germanicus. Sous le portique de l'entrée, on récupéra deux autres statues de Nonius Balbus et de son fils.
Le mur du fond avait une exèdre encadrée de deux niches plus petites, où étaient représentés Thésée et le Minotaure, Hercule et Télèphe, le centaure Chiron et Achille. Toutes les parois, du reste, dont les absides, étaient décorées d'une série de peintures. Quelques-unes, dont celles précitées, ont été détachées et se trouvent au Musée archéologique de Naples, tandis que les autres se sont irrémédiablement perdues au fil du temps.
L'identification de ce monument a été débattue : on pouvait y voir une palestre, espace ouvert consacré à l'exercice entouré d'une colonnade, ou au contraire une basilique à trois nefs, lieu de réunion couvert, voire un temple du culte impérial. Une inscription dans un autre endroit de la ville honorait Balbus pour avoir restauré la basilique d'Herculanum à ses frais. Maiuri en déduisit que la basilique était ce monument que décoraient autant de statues de Balbus et de sa famille. Cette interprétation est contestée par certains archéologues actuels, qui voient dans ce qu'ils qualifient de cosiddetta basilica (mot-à-mot « la dénommée basilique ») un Augusteum dédié au culte impérial.


Gérasa

Jerash est le chef-lieu de la province de Jerash dans le royaume de Jordanie. La population de l'agglomération dépasse 120 000 habitants.
La ville moderne s'est établie autour du site de l'antique cité de Gérasa, parfois francisée en Gérase.

Gérasa a été fondée à la fin du IVe siècle av. J.-C.. Ses habitants ont prétendu que la ville avait été fondée par Alexandre le Grand en faveur de vétérans de son armée. Cette prétention s'est exprimée tardivement sous la forme d'une monnaie frappée pendant le règne de Caracalla au nom « d'Alexandre de Macédoine, fondateur de Gérasa ». Néanmoins la cité n'a pris son essor qu'auIIe siècle av. J.-C., les fouilles n'ayant pas permis de trouver les traces d'un établissement antérieur.
La ville fit partie de la Décapole. Elle fut conquise en 84 av. J.-C. par Alexandre Jannée qui y est mort en 76 av. J.-C. pendant le siège d'une forteresse voisine, Régaba. Elle est prise par le nabatéen Arétas III en 73 av. J.-C., et enfin par les Romains (Pompée) en 63 av. J.-C.. Ces derniers en firent une ville opulente : Gérasa reçut même la visite de l'empereur Hadrien en 129.
Gérasa devient siège d'un évêché au IVe siècle. Elle est ensuite pillée par les Perses en 614, puis les Arabes en 635. Elle subit ensuite plusieurs tremblements de terre, dont le plus dévastateur fut probablement celui de 747-748, qui affecta violemment de nombreuses autres villes de la région. Le coup de grâce lui fut donné par les affrontements entre musulmans et croisés lors des croisades, où le temple d'Artémis fut transformé en forteresse par les Arabes.
Les premières fouilles furent effectuées dans les années 1920-1930 par les membres de l'équipe américano-britannique de l'université Yale, de l'American School of oriental research, et de la British School of Jerusalem ; après la publication de Kraeling publiée en 1938, sorte de rapport de toutes les fouilles faites sur le site jusque-là, celles-ci connaissent un moment de flottement avant d'être reprises véritablement dans les années 1980, notamment sous la forme d'un projet de coopération international, faisant appel à des archéologues du monde entier, le Jerash Archaeological Project. Chaque équipe se vit attribuer une portion du site à fouiller et à rénover. L'équipe française, dirigée par Jacques Seigne, s'occupe encore aujourd'hui de la rénovation du sanctuaire de Zeus.
Un grand nombre de monuments ont été dégagés et, souvent, reconstitués :
L'arc d'Hadrien (25 m × 21,5 m), construit à l'entrée sud de la ville à l'occasion de la visite de l'empereur Hadrien en 129, reconstitué après 1980 par des archéologues jordaniens.
L'hippodrome : c'est probablement l'un des plus petits du monde romain. À l'époque byzantine, fortement touché par les tremblements de terre qui se sont succédé dans la région, il ne fut pas reconstruit, mais réoccupé par la population locale, notamment pour abriter des ateliers de poterie, visibles grâce aux fameux fours en brique ; un diacre, qui fit édifier son église à proximité, y élut également domicile en réaménageant trois locaux désaffectés de l'hippodrome, qu'il pava de mosaïques.
Les deux grands temples de Zeus et d'Artémis furent construits essentiellement au milieu du IIe siècle apr. J.-C., entretenant une rivalité entre les fidèles de chacune des deux divinités.
Un autre temple, sous l'église Saint-Théodore, était probablement dédié à Dionysos. Un quatrième temple, réduit à ses fondations, a été nommé « temple C » par les membres de l'équipe américano-britannique des années 1930, aucun indice n'ayant été retrouvé pour dire à quel dieu il était voué.
Le forum ovale est sans doute le plus grand forum de l'Empire romain: faisant à la fois office de place publique, d'agora et de marché (de nombreuses boutiques ont été retrouvées à ses abords), c'est un élément architectural essentiel de l'urbanisme de la ville puisqu'il permet, par un effet de style, de faire la jonction visuelle entre le cardo maximus et le sanctuaire de Zeus qui, grâce à la forme particulière de la place ovale, semble se trouver dans la continuité de la voie principale de la cité.
Deux établissements de bains, qui s'étendaient au niveau du tétrapyle nord, sont en grande partie effondrés. Les « bains de Placcus », peu fouillés, mais apparemment de taille remarquable, étaient situés de l'autre côté du wadi de Jérash, c'est-à-dire du côté ouest de la ville, à côté de la cathédrale Saint-Théodore, juste au-dessous de la « Clergy House ». On distingue encore les vestiges des fours de l'hypocauste servant à chauffer le caldarium ; une inscription de l'extrême fin du ve siècle en attribue la construction à l'évêque Placcus.
Le macellum ou marché, probablement le plus beau monument de la ville avec le nymphée dédié à la Tyché de la ville, était un lieu central pour le commerce, fortement présent dans la cité, comme on peut le voir d'après les nombreuses boutiques qui bordent les rues, notamment au pied du sanctuaire d'Artémis.
Les vestiges d'habitations sont relativement sommaires, et il s'agit en majorité de réoccupation de bâtiments publics de l'époque romaine : deux maisons ont été découvertes du côté oriental du wadi, recouvertes de mosaïques, dont l'une décrit un cortège bachique, et une seconde, les quatre saisons, thème que l'on rencontre assez fréquemment dans la région (voir notamment à Madaba) ; du côté ouest de la ville, la « maison des Bleus » est ainsi nommée d'après une inscription, ainsi qu'une splendide demeure d'époque byzantino-omeyyade, dont les vestiges apparents datent essentiellement de la période arabe ; enfin, un quartier d'habitation situé au nord-ouest de la cathédrale Saint-Théodore a été dégagé et fouillé rapidement dans les années 1930, comptant des structures domestiques individuelles, probablement destinées à loger les membres du clergé de la cathédrale. Cet ensemble se trouve aujourd'hui à nouveau enfoui sous le remblai résultant du dégagement du sanctuaire d'Artémis. À proximité se trouve la « Clergy House », encore visible, considérée par Kraeling comme un logement pour le clergé, mais dont la destination reste encore aujourd'hui douteuse, faute de fouilles approfondies.
Les deux théâtres : un théâtre au nord de la ville, l'autre au sud, situés respectivement à côté des sanctuaires d'Artémis et de Zeus. Ces théâtres ont été remarquablement bien restaurés et accueillent des spectacles locaux, généralement en période estivale.
Une muraille entoure encore presque toute la ville : après avoir laissé à l'abandon ses premiers murs créés avant notre ère, la cité s'entoura d'un nouveau rempart qui réduisit ses dimensions, la ramenant à la porte sud et laissant à l'extérieur toute la zone allant de la porte sud à l'arc d'Hadrien, et comprenant l'hippodrome.

Au IVe siècle, la communauté chrétienne était nombreuse et on a retrouvé les traces de treize églises aux sols recouverts de mosaïques, dont une cathédrale, la cathédrale Saint-Théodore. On a trouvé aussi les restes d'une synagogue de la même époque, située au nord-ouest du sanctuaire d'Artémis.



M'daourouch

Mdaourouch ou Madauros est une commune de la wilaya de Souk Ahras en Algérie, est située à 50 km au sud de Souk Ahras. La ville et son agglomération compte environ 64750 habitants. Elle tient son nom de l'antique ville romano-numide Madauros dont les vestiges se situent à quelques kilomètres. Durant la période coloniale, son nom était Montesquieu.
Madaure, (en latin Madauros ou Madaura) d’où vient le nom de M'daourouch, une ville antique située à 50 km de Thagaste (Souk Ahras) au nord-est du pays dans les Aurès. Successivement berbère, romaine, vandale et byzantine. C'est sur le site d'une ancienne ville numide que la cité romaine de Madaure, fut fondée sous les Flaviens. Mentionnée dès le IIIe siècle, elle ne survécut pas aux invasions arabes du VIIe siècle. On dit qu'elle fut détruite par ses propres habitants à l'instigation de Kahena, la « reine guerrière », elle fit aussi pratiquer la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l'envahisseur de s'approprier les terres.

Cette ville était célèbre par son université, l’une des premières – avec Carthage – du continent africain et le mécénat culturel de ses habitants. Ce qui attirait une foule composite d’hommes de lettres, de philosophes, de grammairiens, de mathématiciens et de rhétoriciens. C'est ainsi qu'Apulée, considéré comme l'auteur du premier roman (L'Âne d'or), y naquit vers 123. À l'époque romaine, Madaure était fréquentée par les étudiants surtout pour son université réputée pour sa spécialisation en philosophie. Parmi eux le philosophe et le théologien Saint Augustin appelé aussi "Augustin d’Hippone" qui y étudiait dès l'âge de 15 ans.
Au XVIe siècle, Madaure devient le siège d'un diocèse catholique, le diocèse de Madaure, qui devient ensuite un siège titulaire.
La visite du site de Madaure permet de reconnaitre:
Un mausolée romain avec chambre funéraire au rez-de-chaussée et loge de statue à l'étage.
Un théâtre dégagé en 1919 et 1922, est un des plus petits d'Afrique romaine, mesurant 33 mètres sur 20 mètres et n'offrant que huit rangées de sièges. Sa construction, payée par un notable de Madauros, a couté 375 000 sesterces, et a été facilité par l'appui fourni par le portique du forum. Il a été modifié par la construction d'une forteresse byzantine édifiée en 535 sous Justinien dont la face Est et une partie de la face Nord sont bien conservées.
Des thermes.
Une basilique chrétienne de l'époque byzantine à trois nefs séparées par une double colonnade.
Des huileries qui ont fait la renommée de la cité.

Palais des Normands et La chapelle palatine de Palerme

Le palais des Normands (Palazzo dei Normanni en italien, Palazzu di li Nurmanni en sicilien) est un édifice de Palerme, situé Place de l'Indépendance, qui fut tour à tour forteresse punique, fort romain, château des émirs arabes, résidence des rois normands au XIIe siècle, puis enfin siège de l’Assemblée régionale sicilienne.
C'est d'abord un fort punique au VIIe siècle av. J.-C. dont on peut encore apercevoir des vestiges de maçonnerie. La place forte est conquise par les Romains en -254. Bélisaire s’en empare en 535 et la ville reste sous la domination byzantine pendant trois siècles. Les Arabes en font la résidence des Émirs (Qasr) en 831 après leur conquête de la ville. En 1072, lors de la conquête normande, la forteresse devient le palais des Normands, qui la transforment et l'embellissent. En 1130, Roger II de Sicile, roi de Sicile, décide de faire construire la tour Gjoaria (des joyaux), subdivisée en deux portiques voûtés à quatre arcades (du type des églises byzantines) qui soutiennent deux salles à déambulatoires : la Salle des Vents et la Salle de Roger, et surtout la chapelle Palatine, dédiée à saint Pierre. Frédéric II de Sicile fonde dans le Palais l’École poétique sicilienne entre 1220 et 1230. Après l’expulsion des Angevins en 1282, Pierre III d'Aragon s'installe dans le palais. Les vice-rois l'habitent épisodiquement ensuite. Après 1500 il subit de grands travaux de restaurations (démolition de tours normandes, édification de cours intérieures : cour Maqueda et cour de la fontaine) jusqu’à l’expulsion des Bourbons, en 1799. L’observatoire astronomique de Palerme est situé au palais des Normands depuis le XIXe siècle. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le palais est le siège de l’Assemblée régionale sicilienne.

La chapelle palatine de Palerme est une chapelle catholique édifiée à l'intérieur du palais des Normands, dans la ville sicilienne de Palerme. Elle est dédiée aux saints Pierre et Paul.
Construite au XIIe siècle sur ordre et pour l'usage du premier roi normand de Sicile, Roger II, elle est emblématique du style arabo-normand qui combine des éléments d'architectures romane, byzantine et arabe ; elle se signale particulièrement par la splendeur de ses mosaïques sur fond doré.
La chapelle est inscrite au Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis le 3 juillet 2015, avec les cathédrales de Cefalù et de Monreale, autres remarquables exemples du style arabo-normand propre à la Sicile et intérieurement décorés de mosaïques de facture byzantine exaltant le christianisme.

En 1130, Roger II fut couronné roi de Sicile ; il commença la construction de la chapelle en 1132 ; les chartes de l'époque indiquent qu'elle est consacrée le 28 avril 1140, en tant que chapelle privée de la famille royale. Les travaux en furent terminés en 1143. Une inscription trilingue (latin, grec, arabe) à l'extérieur de la chapelle indique la construction d'une horloge en 1142.
Endommagée par le tremblement de terre de septembre 2002 qui toucha Palerme, elle bénéficia de travaux de restauration terminés en juillet 2008. Le programme de restauration, établi par l'architecte Guido Meli, directeur du "Centro regionale per il restauro" de la région de Sicile, a été financé grâce au mécène allemand Reinhold Würth pour plus de trois millions d'euros. Les travaux ont été réalisés par un groupe de restaurateurs romains des biens culturels. L'exploitation touristique est concédée à la Fondazione Federico II.
La chapelle combine des éléments architecturaux des chrétientés occidentale et orientale et de l'islam d'une façon exceptionnelle et unique dans le monde, rappelant la grande tolérance religieuse qui a marqué le règne de Roger II. C'est une église à trois nefs sans véritable transept (cette partie est cependant suggérée) ; deux lignes de six colonnes séparent la nef principale des deux bas-côtés ; le chœur, surmonté d'une coupole est légèrement surélevé, et est terminé par trois absides voûtées en cul-de-four, chacune d'entre elles fermant une des nefs.
Sa particularité principale est dans la richesse de sa décoration, que ce soit celle du plafond de bois ouvragé à la manière arabe, celle des mosaïques de style byzantin ornant les absides et les parties supérieures des murs et des parois ou celle des revêtements de marbre du sol couvrant également la partie inférieure des murs. Aucune partie de la chapelle, qui contient également des éléments sculptés, n'est exempte de décoration et en particulier, les mosaïques couvrent l'intégralité des parties supérieures de l'édifice - à l'exception des plafonds - caractéristique qui la rapproche de la basilique Saint-Marc de Venise et de la cathédrale de Monreale, laquelle lui est postérieure et en est inspirée.
Le sol de la chapelle ainsi que le bas des murs latéraux (jusqu'à hauteur d'homme) sont recouverts de somptueux revêtements de marbre en Opus sectile, à décors multicolores principalement géométriques.

Les mosaïques de la chapelle sont de style byzantin et ont été exécutées par des artistes grecs appelés à cet effet par Roger II. Elles datent dans l'ensemble du XIIe siècle mais ont subi nombre de restaurations ou réparations au cours du temps, selon des critères artistiques et esthétiques bien différents, que l'on identifie, de ce fait, très facilement.

Le plafond à muqarnas est entièrement peint d'un décor figuratif. Sur fond or sont peintes des étoiles et des croix imbriquées dans une dominante de rouge, bleu, noir et blanc.
La partie supérieure des murs des nefs latérales, présentent une frise de scènes de la vie de Saint Pierre (nef de gauche) et de celle de Saint Paul (nef de droite), scènes séparées les unes des autres par les fenêtres garnies de vitraux au décor géométrique simple.
La partie supérieure des parois de la nef, au dessus des arcatures qui la séparent des bas-côtés, présente une frise de scènes du livre de la Genèse, scènes séparées les unes des autres par les fenêtres garnies de vitraux au décor géométrique simple. Chaque scène est accompagnée des versets bibliques correspondants, en latin.
Du côté sud, depuis le transept vers le bas de la nef, nous trouvons dans l'ordre :
1-Création des Cieux, de la Terre et de la Lumière : premier jour 
2-Création du firmament et séparation des eaux : deuxième jour 
3-Séparation de la terre et des eaux, création des plantes : troisième jour 
4-Création du Soleil, de la Lune et des étoiles : quatrième jour 
5-Création des oiseaux et des poissons : cinquième jour 
6-Création des animaux terrestres : sixième jour 
7-Création d'Adam : sixième jour 
8-Repos de Dieu le septième jour 
9-L'arbre de la connaissance du Bien et du Mal 
10-Création d'Eve 
Du côté nord, en suivant la même direction, sont figurés :
1-Le péché originel
2-Dieu condamne Adam et Eve
3-Adam et Eve bannis du Paradis Terrestre
4-La travail d'Adam et Eve
5-Les sacrifices de Caïn et d'Abel
6-Caïn tue son frère et est interrogé par Dieu
7-Lamech parle à ses femmes
8-Hénoch est enlevé au Ciel
9-Noé et sa famille

10-La construction de l'Arche de Noé



Cathédrale de Palerme

La cathédrale de Palerme (italien : Duomo di Palermo, sicilien : Catidrali di Palermu) est une église catholique romaine duXIIe siècle, dédiée à Notre-Dame de l'Assomption, de style arabo-normand propre à la Sicile, située à Palerme, capitale de la province italienne de Sicile.
La cathédrale fut construite au XIIe siècle par l'archevêque normand de Palerme Gautier Ophamil, à l'emplacement d'une très ancienne basilique de l'empire romain transformée en mosquée au IXe siècle par les Arabes. Les tours datent desXIVe et XVe siècles et le porche gothique catalan du XVe siècle. La nef baroque fut élargie à la fin du XVIIIe siècle.
Le couronnement du premier roi de Sicile Roger II de Sicile y fut célébré à Noël 1130.
La cathédrale contient les sépultures de l'empereur Frédéric II du Saint-Empire et de son épouse Constance d’Aragon ; du roi Roger II de Sicile qui au XIIe siècle fut à l’origine du Royaume de Sicile;  de Sainte Rosalie de Palerme, patronne de Palerme.

L'église a été érigée en 1185 par Gautier Ophamil (ou en italien « Gualtiero Offamilio »), archevêque anglo-normand de Palerme et ministre du roi Guillaume II de Sicile, sur l'emplacement d'une précédente basilique byzantine fondée par saint Grégoire et plus tard transformée en mosquée par les Sarrasins, après leur conquête de la ville auIXe siècle. Le tombeau d'Ophamil se trouve dans la crypte de l'église. Ce précédent édifice médiéval avait un plan basilical à trois absides, dont il ne reste aujourd'hui que quelques éléments architecturaux mineurs.
Les étages supérieurs des tours d'angles ont été construits aux XIVe et XVe siècles, tandis que le porche sud a été ajouté au début de la Renaissance. L'aspect néoclassique actuel remonte aux travaux effectués de 1781 à 1801 par Ferdinando Fuga. Durant cette période, le grand retable de Gagini, orné de statues, frises et bas-reliefs, a été détruit et les sculptures déplacées en différentes parties de la basilique. Fuga est également l'auteur du grand dôme qui émerge du corps principal du bâtiment et des dômes plus petits qui couvrent les plafonds des nefs latérales.
La façade principale, à l'ouest, a gardé son apparence des XIVe et XVe siècles. Elle est flanquée de deux tours et son portail gothique est surmonté d'une niche qui abrite une précieuse Vierge du XVe siècle. De la façade, deux grandes arcades ogivales enjambent la rue pour rejoindre le campanile intégré au Palais archiépiscopal. La façade est carrée, couronnée de petits clochetons et arcades.

Le côté droit a des tourelles saillantes et un large portique qui forme l'entrée actuelle, dans un style gothique catalan, avec trois arcades, érigées autour de 1465, donnant sur la place. La première colonne à gauche appartenait à la basilique primitive et à la mosquée ultérieures, comme en témoigne le verset du Coran qui s'y trouve gravé. Le portail sculpté de cette entrée a été exécuté de 1426 à 1430 par Antonio Gambara, tandis que les feuilles de bois sont de Francesco Miranda (1432). La mosaïque représentant la Vierge est du XIIIe siècle, tandis que les deux monuments, sur les murs, ont été érigés au début du XVIIIe siècle, en l'honneur des rois Charles III de Bourbon et Victor-Amédée II de Sardaigne, ce dernier couronné en ce lieu en décembre 1713 avec son épouse Anne-Marie d'Orléans.
La zone de l'abside, fermée par des tourelles et pompeusement décorée sur les murs extérieurs, appartient à l'édifice du xiie siècle d'origine, tandis que le côté gauche de l'église est plus moderne avec son portail du début du XVIe siècle, par Antonello Gagini. La façade sud-ouest, face au Palais archiépiscopal, date des XIVe et XVe siècles.
L'intérieur a un plan en croix latine, avec une nef principale et deux nefs latérales divisées par des pilastres. Dans les deux premières chapelles de la nef droite se trouvent les tombeaux d'empereurs et de personnes royales transportés ici au XVIIIe siècle d'autres endroits de la basilique, contenant les restes de l'empereur Henri VI, de son fils Frédéric II, ainsi que ceux de Pierre II de Sicile. Un sarcophage romain constitue le tombeau de Constance d'Aragon, épouse de Frédéric. Sous les baldaquins à mosaïques se trouvent les tombes de Roger II, premier roi de Sicile, et de sa fille Constance. Ces deux derniers étaient autrefois inhumés dans le transept de la cathédrale de Cefalù.
Coupoles baroques du petit côté, par Ferdinando Fuga.
Portique de Domenico et Antonello Gagini.
La chapelle du Saint Sacrement, au bout de la nef gauche, est orné de pierres précieuses, dont des lapis-lazuli. À droite, dans le presbytère, se trouve la chapelle de sainte Rosalie, patronne de Palerme, fermée par un portail de bronze richement orné, avec des reliques et une urne en argent du xviie siècle, objet de dévotion particulière.
La chœur de style gothique-catalan en bois (1466) et les vestiges de marbre du retable de Gagini (enlevé lors des altérations du XVIIIe siècle) sont également précieux, comme la statue de marbre de la Vierge à l'enfant par Francesco Laurana (1469), un crucifix polychrome du XIIIe siècle par Manfredi Chiaramonte, le bénitier sur le quatrième pilastre par Domenico Gagini et la Madonna della Scala par Antonello Gagini, sur l'autel de la nouvelle sacristie. La chapelle des reliques contient les reliques de sainte Christine, saint Ninfa, saint Cosme, sainte Agathe et saint Mamilianus, premier patron de Palerme.
La crypte, accessible à partir du côté gauche, est une salle à voûte croisée, soutenue par des colonnes de granite, avec des tombeaux et des sarcophages des époques romaine, byzantine et normande. Les sépultures sont celles des archevêques Gautier Ophamil, fondateur de l'église, et Giovanni Paternò, patron d'Antonello Gagini, qui a exécuté les sculptures qui ornent sa tombe.
Le trésor de la cathédrale contient des gobelets, des vêtements, des ostensoirs, un bréviaire du xive siècle et la célèbre couronne de Constance d'Aragon, qui est un diadème d'or, trouvé dans sa tombe en 1491.
La cathédrale possède un héliomètre (« observatoire » solaire) datant de 1794, l'un des nombreux construits en Italie aux XVIIe et XVIIIe siècles. celui-ci a été conçu par Giuseppe Piazzi, qui dirigeait l'observatoire astronomique local. L'appareil lui-même est assez simple : un trou minuscule dans l'un des dômes mineurs agit comme un sténopé, projetant l'image du soleil sur le sol à midi solaire. Une ligne de bronze (méridienne) court sur le sol du nord au sud : les extrémités de la ligne marquent les positions du soleil aux solstices d'été et d'hiver ; les signes du zodiaque peints sur les dalles à divers intervalles montrent les autres dates tout au long de l'année.
Le but de l'instrument était de normaliser la mesure du temps et le calendrier. La convention en Sicile avait été que la journée de 24 heures était mesurée à partir du lever du soleil, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas deux endroits ayant le même temps. Il était également important de savoir quand avait lieu l'équinoxe vernal, afin de fournir la date exacte de Pâques.



Site gallo-romain de Barzan

La commune de Barzan, en Charente-Maritime, abrite un site archéologique gallo-romain majeur, faisant l'objet de fouilles programmées depuis 1994. Les photographies aériennes et les fouilles archéologiques ont révélé la présence d'une ville portuaire gallo-romaine de grande importance (temple gallo-romain monumental, thermes, forum, théâtre...) située entre les communes de Barzan, Talmont-sur-Gironde et Arces-sur-Gironde.
Il semble presque certain que cette ville gallo-romaine, dont l'apogée se situe au iie siècle, soit la Novioregum indiquée dans l'itinéraire d'Antonin. Cette ville pourrait également être le Portus Santonum (port des Santones) décrit par Ptolémée.
Les environs sont occupés très tôt, au moins dès l'époque néolithique, ce dont atteste la découverte de nombreux vestiges en divers points de la commune de Barzan, notamment à proximité de la colline de La Garde, un plateau surplombant l'estuaire de la Gironde. Dès 1877, Eutrope Jouan, un historien local, rapporte l'exhumation de fragments de haches polies ainsi que de pointes de flèches. Cette découverte est complétée presque un siècle plus tard, en 1970, lors du nivellement du terrain consécutif au démantèlement d'un réservoir américain construit en 1917. Ces travaux permirent la mise au jour de restes de céramiques attribuées aux groupes des Matignons et des Peu-richardiens. Des couches de cendres et des pierres de foyers retrouvées à proximité, ainsi que la présence d'une nécropole à quelques mètres du site, permirent dès lors de prouver la présence d'un habitat à cet endroit, environ 3 500 ans avant notre ère.
En 1975, une campagne de prospection aérienne menée par Jacques Dassié confirme ce fait, et montre en outre la présence de fortifications autour de ce camp, celles-ci étant principalement composées de fossés et d'entrées en chicane, un ingénieux dispositif exposant dangereusement les éventuels assaillants. Deux autres sites préhistoriques plus récents, datés de l'âge du bronze, ont été découverts à proximité : l'un près du lieu-dit « le moulin du Fâ », l'autre sur le flanc nord-est de la colline de La Garde, à proximité du lieu-dit « Les Piloquets ». Ce dernier site fut découvert par hasard en 1980, lors de la plantation d'une vigne : il révéla notamment plusieurs haches en bronze datées d'environ 1800 avant notre ère, actuellement exposées au musée de Royan.
Aux alentours du VIIe siècle avant notre ère, la Saintonge est habitée par le peuple gaulois des Santones. Ceux-ci firent de Pons, puis de Saintes, leur capitale. Ce peuple celte s'installa à son tour sur le site du Fâ, y bâtissant notamment un sanctuaire monumental, lequel se situe sur une hauteur dominant l'estuaire de la Gironde. Ce sont eux qui fondèrent la ville, embryon de la métropole romaine qui s'étend à cet endroit quelques siècles plus tard. Des prospections aériennes récentes ont par ailleurs révélé les traces de deux autres temples celtiques, localisés sur la colline de La Garde.
Une campagne de fouilles entreprises sous la direction de Karine Robin de 1996 à 2002 a également permis de mettre au jour des céramiques gauloises et hispaniques datant du ve siècle avant notre ère, ce qui permet d'envisager la présence d'un port de commerce dès cette époque. De même, des pièces de monnaie gauloise ont été découvertes en 1997. Les plus anciennes auraient été frappées à la fin du iie siècle avant notre ère.
Le fait que la Saintonge se soit située sur l'une des routes de l’étain, commerce particulièrement actif entre les îles Britanniques (principalement la Cornouaille) et la Méditerranée à cette époque, permet d'envisager le transit de cette matière première indispensable à la fabrication du bronze par le port de l'antique cité, expliquant la relative prospérité de la ville avant même l'établissement de la domination romaine.
La province des Santones est conquise par les Romains en 58 avant l'ère chrétienne. C'est le début de l'âge d'or pour sa capitale, Mediolanum Santonum (Saintes) qui devient la première capitale de la province romaine d'Aquitaine. La ville de Novioregum, seconde agglomération de la civitas santonum (subdivision administrative de l'empire romain) semble alors avoir été avant tout un emporium, c'est-à-dire un comptoir commercial, ce qui s'explique aisément par sa situation géographique, non loin de l'embouchure de la Gironde. Les premières constructions importantes furent probablement édifiées sous le règne des empereurs Flaviens (de 69 à 96), comme l'attestent des restes de statues ainsi que plusieurs chapiteaux corinthiens datant de cette époque. La ville semble avoir connu son âge d'or vers le IIe siècle de notre ère, sous le règne des Antonins. La ville se pare de monuments importants : théâtre, avenues, port et entrepôts (horrea). Les thermes sont agrandis à cette époque.
La ville, prospère, est signalée par l’Itinéraire d'Antonin, publié au IIIe siècle de notre ère, sous le règne de l'empereur romain Dioclétien. Il situe Novioregum sur l'axe routier menant de Saintes à Bordeaux via Blaye, à 15 lieues de Saintes (environ 35 kilomètres) et 12 lieues de Tamnum, une cité qui selon Jacques Dassié, aurait été située près de Consac (environ 29 kilomètres). Celui-ci fonde son hypothèse sur l'utilisation possible d'une grande lieue gauloise de 2450 mètres en lieu et place du mille romain.
La ville conserve quelque importance jusqu'à la fin du IIIe siècle, avant de décliner et d'être abandonnée pour des raisons encore inconnues à ce jour. La théorie de l'envasement du port — sans doute poumon économique de la ville — est envisagée, sans que de véritables preuves ne soient établies à l'heure actuelle. Ce phénomène, fréquent dans la région, causa la perte au XVIIe siècle d'un autre grand port de la région : Brouage.
D'aucuns voient dans les troubles liés aux grandes invasions (Francs et Alamans, puis Wisigoths plus tardivement) une cause possible de cet abandon : cependant aucune trace de violence n'a été relevée sur le site à l’heure actuelle. Dans l’état actuel des connaissances, tout semble indiquer un déclin progressif de la cité et un abandon total ou partiel du site dans le courant du IVe siècle.

À l'aube du Moyen Âge, l'antique cité romaine devient une carrière de pierres. Des éléments décoratifs sont réemployés dans des maisons ou des églises de la région, et des fûts de colonnes romaines servent longtemps de margelles pour les puits des villages environnants (l'une d'elles, datée du IIIe siècle, sert de fonts baptismaux dans l'église d'Épargnes, un village voisin) Au XVIe siècle, un moulin à vent est édifié sur le podium de l'ancien temple : le moulin du Fâ (déformation probable du terme fanum).
De fait, si la présence de ruines antiques à Barzan est connue depuis plusieurs siècles , leur importance est longtemps sous-estimée. Le premier à l'entrevoir fut l'abbé Auguste Lacurie, secrétaire de la Société archéologique de Saintes à la fin du XIXe siècle. En 1844, il émet l'hypothèse que les ruines visibles à Barzan pourraient bien être celles de la ville antique de Novioregum, dont on cherchait la trace depuis des siècles. Cependant, plusieurs personnalités importantes dans le domaine de l'archéologie, tel Léon Massiou, un historien originaire de Saujon faisant autorité à cette époque, contestent cette hypothèse, notamment dans un ouvrage paru en 1924.
Celui-ci mène personnellement une campagne de fouilles archéologiques auprès du site dit du moulin du Fâ entre 1921 et 1924. Outre le temple et le théâtre, connus depuis les descriptions de Claude Masse, cette campagne permet d'exhumer les vestiges d'un aqueduc, puis de thermes, confirmant la présence d'une cité de quelque importance à cet emplacement.

L'importance de ces découvertes aboutit au classement du site par les monuments historiques en 1937 et 1939.
De 1935 à 1957, Louis Basalo, un architecte et archéologue royannais, effectue également des fouilles, explorant l'aqueduc, fouillant les thermes romains. Durant cette campagne, une stèle votive est découverte à environ vingt mètres du sanctuaire principal. L'inscription qui y figurait  est sans doute une dédicace au dieu Mars. Malgré d'importantes découvertes, c'est seulement en 1975, à la faveur d'une importante sécheresse, que Jacques Dassié réalisa des photographies aériennes éclairant d’un jour nouveau le site archéologique, dévoilant un site bien plus important que ce qui était soupçonné jusqu'alors. Sous les cultures et la végétation, ce n'est rien de moins qu'une ville de 140 hectares — comparable aux grandes métropoles romaines de Saintes , Poitiers  ou Bordeaux , comportant temples, thermes, théâtre, entrepôts, forum, habitations, avenues qui est dévoilé.
Le site, d'abord occupé par des propriétés privées, fut racheté par la municipalité de Barzan en 1993, année de la création de l'association ASSA Barzan, chargée de l'exploitation du site. Des fouilles structurées débutèrent en 1994, supervisées par l'Université Bordeaux III et par l’Université de La Rochelle.
Vestiges des thermes : four servant à alimenter le caldarium ou salle chaude.
En 1994, le ministère de la Culture confie à Pierre Aupert, directeur de recherches au CNRS, les fouilles sur le sanctuaire du Fâ. Celles-ci révèlent notamment la construction de deux temples successifs, l'existence d'une vaste fosse (peut-être sacrificielle) et les repères de la construction du podium.
En 1999, des sondages positifs ont été effectués par Laurence Tranoy au lieu-dit le Trésor, à l'emplacement de ce que l'on suppose avoir été le forum, au croisement du cardo maximus et du decumanus.
De 1998 à 2004, les fouilles des thermes romains, au nord du Fâ, sont conduites par Alain Bouet, maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l'époque gallo-romaine. Celles-ci révèlent bientôt l'existence d'un des plus grands ensembles connus en Gaule à ce jour. De 2003 à 2005, Alain Bouet participa également aux fouilles des entrepôts de stockage (les horrea) un peu au sud du sanctuaire du Fâ, révélant des magasins de grandes dimensions et l'importance du port antique.
Une campagne de fouilles menées entre 2006 et 2008 sur le sanctuaire du Fâ ont également révélé les murs du péribole montrant les deux enceintes successives, dont la seconde, monumentale, mesurait environ 106 m × 92 m.

Reprises en 2007 par Antoine Nadeau, les fouilles du théâtre, sur le site de La Garde, reprendront en 2009. Très dégradées, les ruines ont servi de carrière de pierre pendant plusieurs siècles.
Description du site:
Le temple monumental du Fâ:
Au centre d'un péribole rectangulaire de 106 m × 92 m, le temple gallo-romain du iie siècle comportait une colonnade circulaire (hauteur totale estimée 16 m), une cella ronde au centre (diamètre 20,80 m, hauteur estimée 33 m) et un porche d'entrée profond de 7,7 m, muni de colonnes en façade17. Selon l'ASSA Barzan, ce temple gallo-romain monumental ressemblait probablement à ceux de Vésone à Périgueux et du vicus des Tours Mirandes, à Vendeuvre-du-Poitou.

Les temples de La Garde:
À l'extrémité Est du decumanus, sur la colline de la Garde, se trouvent les vestiges de plusieurs temples découverts au cours de la sécheresse de 1975-1976. À l'origine, il s'agissait d'un fanum avec cella quadrangulaire entourée d'un péribole, d'un temple de tradition celtique à cella hexagonale et d'un temple romain classique avec podium en maçonnerie rectangulaire sans péribole.
Les thermes:
La fouille des thermes est considérée comme achevée dans sa partie nord. Les fouilles ont permis de démontrer que l'alimentation en eau des thermes se faisait par un grand puits rectangulaire (3 m × 4,4 m d'une profondeur de 16 m) muni d'un système d'élévation, dont la machinerie en bois, effondrée dans le puits, est en cours d'étude.

Le théâtre de La Garde:
À l'est du site du Fâ, sans doute à l'extrême limite de la ville antique, le théâtre romain occupe un flanc de la colline de La Garde. Le rayon de l'hémicycle est d'au moins 50 m et un sondage ancien a montré que sa cavea était structurée par des murs rayonnants, comportant des gradins en pierre. La longueur interne restituée du bâtiment de scène est de 71,40 m. Selon l'ASSA Barzan, il s'agit d'un édifice important, peut-être plus grand que les théâtres d'Arles et de Vaison-la-Romaine et comparable aux plus vastes édifices de ce type connus en Gaule : Vienne, Orange et Autun.
Les Horrea (entrepôts):
À l'est du Fâ, l'archéologie aérienne a identifié de vastes entrepôts publics caractéristiques des villes portuaires (comme à Vienne, Lyon, Rouen, Bordeaux, Cologne, Hyères ou Corseul). Les fouilles ont permis de dégager plusieurs cellules.
L'aqueduc de la source de Chauvignac:

L'aqueduc se situe à 3 km à l'est du site, sur la commune de Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet. Exploré sur une centaine de mètres en 1939, son altitude est néanmoins plus basse que les thermes et que le temple, posant la question de l'alimentation en eau de la ville.
Le decumanus:
Le decumanus apparaît sur toutes les images aériennes et parfois même au sol, constituant un monument en lui-même (large d'une dizaine de mètres) ; sa longueur visible est d'environ 400 mètres et il est l'élément structurant principal du réseau urbain, avec une vocation manifeste de prestige. Au Ier siècle, une voie est aménagée jusqu'à l'entrée du sanctuaire gallo-romain. Au IIe siècle, le site s'agrandit et s'embellit : le temple circulaire est reconstruit et agrandi, ainsi que les thermes et les horrea.
Des fouilles actuelles, conduites sous la direction de Laurence Tranoy (Université de La Rochelle) et d'Emmanuel Moizan (INRAP), ont pour objectif de comprendre le plan de circulation de la ville antique, et notamment la nature et le rôle de cette rue très large et très longue surnommée la "Grande avenue". Dans un reportage consacré à l'une de ces campagnes de fouille (2008), Laurence Tranoy explique que cette "Grande avenue" est un artéfact dû aux modifications de l'urbanisme selon les époques et à l'amplification de la vocation cultuelle de la ville.
Le Forum:
Les vestiges du forum ont été identifiés à proximité du lieu-dit « Le Trésor » entre le port antique et le sanctuaire du Fâ, le long de l'ancien cardo maximus. Selon l'ASSA Barzan, le forum de la ville était scindé en deux parties : au nord, une grande place dépourvue de constructions, et au sud, une seconde place entourée de portiques et d'une construction massive.
Le Port:

Le site du port antique, situé non loin du lieu-dit la Combe du Rit n'a pas encore été fouillé en 2008. Identifié par les photos aériennes et par les inondations de 1999, il était situé au sud de la ville gallo-romaine, à proximité du forum. Il constituait un point de débarquement pour les bateaux de haute mer. Les vastes entrepôts et les céramiques grecques (du Ve siècle av. J.-C.) et hispaniques, retrouvées sur le site peuvent laisser penser que le port était un lieu de négoce sur l'un des routes de l'étain reliant les Îles Britanniques à la Méditerranée.



La Grotte de Lascaux

La grotte de Lascaux se trouve sur la commune de Montignac en Dordogne, dans la vallée de la Vézère, en France.
C'est l'une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique par le nombre et la qualité esthétique de ses œuvres. Elle est parfois surnommée « la chapelle Sixtine de l'art pariétal » ou « chapelle Sixtine du Périgordien » selon une expression attribuée à Henri Breuil qui la nomme également « Versailles de la Préhistoire ».
Les peintures et les gravures qu'elle renferme n’ont pas pu faire l’objet de datations directes précises : leur âge est estimé entre environ 18 000 et 17 000 ans à partir de datations et d’études réalisées sur les objets découverts dans la grotte. La plupart des préhistoriens les attribuent au Magdalénien ancien, sauf quelques-uns qui penchent plutôt pour le Solutréen qui le précède, voire pour le Gravettien.
Différentes versions de l’invention de la grotte de Lascaux ont été rapportées. Elles sont parfois contradictoires et souvent relatées de façon fantaisiste : découverte fortuite par un chien ou en jouant au ballon, exploration volontaire de la cavité déjà connue. Celle-ci a été effectuée en deux temps, les 8 et 12 septembre 1940.
Selon la version la plus fréquemment racontée, le 8 septembre 1940, Marcel Ravidat découvre l'entrée de la cavité lors d'une promenade sur la commune de Montignac en Dordogne avec ses camarades Jean Clauzel, Maurice Queyroi et Louis Périer. Au cours de cette promenade, son chien Robòt (son nom est en occitan, et pas "robot" en français comme ça a été souvent été écrit) poursuit un lapin qui se réfugie dans un trou situé à l'endroit où un arbre avait été déraciné : un orifice d'environ 20 cm de diamètre s'ouvre au fond de ce trou, impossible à explorer sans un travail de désobstruction. En jetant des pierres pour essayer de faire sortir le lapin, Marcel Ravidat constate que le trou communique avec une vaste cavité. Comme cela se situe à 500 mètres du château de Lascaux, il pense qu'il s'agit de la sortie d'un souterrain.
Quatre jours plus tard, le jeudi (jour de repos scolaire à cette époque) 12 septembre, Marcel Ravidat, muni d'un matériel de fortune (lampe à huile, coutelas) pour s'éclairer et élargir l'orifice découvert précédemment, revient sur les lieux accompagné cette fois de Georges Agniel, Simon Coencas, Jacques Marsal et Georges Estréguil. Les jeunes gens pénètrent ainsi une première fois dans la grotte et y découvrent les premières peintures. Après des visites quotidiennes et une première exploration du Puits, Jacques Marsal dévoile leur découverte à ses parents, qui s'étonnent de le voir revenir couvert de poussière. Ils avertissent Léon Laval, leur ancien instituteur à la retraite, le 16 septembre10 qui pense à une plaisanterie et préfère ne pas s'aventurer dans le trou mal dégagé. Maurice Thaon qui réside dans un hôtel à Montignac entend parler de cette découverte, descend alors dans la cavité où il prend quelques croquis d'animaux. Il part en Corrèze rencontrer le préhistorien Henri Breuil, réfugié dans la région pour fuir l'occupant, pour lui relater la découverte et lui présenter les croquis. L'abbé Breuil est alors le premier spécialiste à visiter Lascaux, le 21 septembre 1940, en compagnie du chanoine Jean Bouyssonie et du docteur André Cheynier, bientôt suivis des préhistoriens Denis Peyrony et Henri Begouën.
La grotte est classée au titre des monuments historiques l'année même de sa découverte, par arrêté du 27 décembre 1940. Les parcelles de terrain où se trouve la grotte ou voisines de celle-ci sont classées au titres des monuments historiques par trois arrêtés successifs du 27 décembre 1940, puis du 8 mai et du 5 septembre 1962.
En octobre 1979, elle est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité parmi différents sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère.
La grotte est bien décrite par André Leroi-Gourhan.
La grotte de Lascaux est relativement petite : l'ensemble des galeries n'excède pas 235 mètres pour un dénivelé d'environ 30 mètres. Le sol, en pente, possède une dénivellation inférieure de 13 mètres à l'extrémité du Diverticule axial, et inférieure de 19 mètres au bas du Puits. La partie décorée correspond à un réseau supérieur, le réseau inférieur étant difficilement pénétrable du fait de la présence de dioxyde de carbone.
L’entrée actuelle correspond à l’entrée préhistorique, même si elle a été aménagée et équipée d’un système de sas. L’entrée d’origine devait être un peu plus éloignée, mais son plafond s’est écroulé anciennement jusqu’à former le talus par lequel les inventeurs ont accédé à la grotte.
Pour faciliter les descriptions, la grotte est traditionnellement subdivisée en un certain nombre de zones correspondant à des salles ou des couloirs. Leurs noms imagés sont dus en partie à Henri Breuil et font souvent référence à l’architecture religieuse :
* la première salle est la salle des Taureaux ou Rotonde, longue de 17 mètres pour 6 mètres de large et 7 de haut ;
* elle se prolonge par le Diverticule axial, une galerie plus étroite de même direction, à peu près de même longueur ;
* depuis la salle des Taureaux, à droite du Diverticule axial, on accède au Passage, une galerie d’une quinzaine de mètres ;
* dans le prolongement du Passage s’ouvre la Nef, un couloir plus élevé d’une vingtaine de mètres ;
* la Nef elle-même se poursuit par une partie non décorée, les parois ne s'y prêtant pas, puis par le Diverticule des Félins (ou cabinet des Félins), un étroit couloir d’une vingtaine de mètres ;
* l'Abside est une salle ronde s’ouvrant vers l’ouest à la jonction entre le Passage et la Nef ;
* le Puits s'ouvre au fond de l'Abside. Son accès suppose une descente d'environ 4 à 5 mètres jusqu’au début du réseau inférieur.
Différentes interprétations de l'art préhistorique dans la grotte de Lascaux ont été proposées.
La grotte de Lascaux a livré de très nombreux restes osseux et outils de silex : ce sont ceux des peintres et graveurs. Elle n’a jamais été un lieu d’habitation et sa fréquentation semble essentiellement liée à ses œuvres pariétales.
La faune figurée sur les parois de Lascaux est celle que l’on retrouve dans la majorité des grottes ornées de l’aire franco-cantabrique : cheval, aurochs, bison, cerf et bouquetins dominent largement suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’ours, le rhinocéros et les grands félins.
Les espèces représentées ne correspondent pas aux espèces chassées et consommées : un seul renne gravé a été identifié alors que ces animaux représentent la grande majorité des restes osseux mis au jour (plus de 88 %). Un art dicté par une magie de la chasse tel qu’on le concevait aux débuts du XXe siècle peut donc être écarté.
Si elles sont extrêmement réalistes en ce qui concerne les morphologies et les attitudes des animaux, les œuvres de Lascaux ne visent toutefois pas une représentation exhaustive et naturaliste de la réalité : la flore, les reliefs et même le sol sont absents des parois de la grotte, comme c’est pratiquement toujours le cas d’ailleurs dans l’art paléolithique.
Il est indéniable que certains éléments figurés, certaines associations de signes, ont une valeur symbolique. C’est probablement le cas pour les trois paires de ponctuations que l’on retrouve au fond du Diverticule des félins et dans le Puits, aux limites des zones ornées. C’est sans doute le cas également pour les signes barbelés, les « blasons » ou les alignements de points présents sur différentes parois de la grotte.
La grotte de Lascaux est considérée par A. Leroi-Gourhan et par la quasi-totalité des préhistoriens comme un sanctuaire, une sorte de monument à caractère religieux.
D'autres interprétations ont été avancées. D'après l'archéoastronome Chantal Jègues-Wolkiewiez, la grotte aurait été un centre d'observation du ciel, puis un temple orné dédié aux constellations célestes. Ainsi, la lumière du soleil se couchant au solstice d'été aurait illuminé la première salle des Taureaux (avant qu'un éboulement n'obstrue l'accès vers la rotonde) dont les peintures représenteraient une carte des constellations zodiacales telles qu'on pouvait les observer il y a 10 000 ans. Cette interprétation n'a été publiée dans aucune revue à comité de lecture et est accueillie avec scepticisme par la communauté scientifique.
Thérèse Guiot-Houdart a étudié l'organisation de la composition, le placement, les dimensions et l'orientation des figures, la disposition des taches de couleurs, la technique du dessin, etc. Suivant cette méthode calquée sur la critique d'art, elle présente image par image une description détaillée et exhaustive des peintures de la Rotonde et du Diverticule (la seule complète à ce jour) dont elle déduit une interprétation novatrice révélant l'imaginaire de la fécondité à cette époque48. Jean Abélanet lui a écrit : « Votre essai de reconstitution d’une trame mythologique à partir des peintures de Lascaux me paraît tout à fait valable».
Selon Jean Clottes et David Lewis-Williams, la grotte de Lascaux aurait pu être liée à un culte chamanique. Ainsi, divers traits sans signification, incluant les huit flèches plantées dans l'un des félins du Diverticule, auraient été autant d'incisions exécutées à travers la paroi pour laisser passer les animaux et les pouvoirs surnaturels. Cette théorie est largement contestée aussi bien par la plupart des préhistoriens et que par les spécialistes du chamanisme : « J. Clottes et D. Lewis-William ont largement outrepassé les limites de la démarche scientifique en proposant une explication unique, unilatérale de la religion des origines ».

Enfin, les hommes préhistoriques auraient pu attribuer à leurs œuvres un semblant de vie. En se basant sur un relevé exhaustif des parois, Julien d'Huy et Jean-Loïc Le Quellec ont constaté que les animaux dangereux - félins, aurochs, bisons - semblaient davantage « fléchés » que les animaux moins dangereux - chevaux, cerfs, bouquetins. Selon eux, il pourrait s'agir d'une magie de la destruction ou d'une crainte de l'animation des images, les flèches servant alors à empêcher les animaux de s'animer. La croyance en la possible animation des images est corroborée par la disposition de celles-ci à l’intérieur de la grotte. Ainsi, les bisons, les aurochs et les bouquetins n’ont pas été représentés côte à côte. En revanche, on peut mettre en évidence des systèmes bisons-chevaux-lions et aurochs-chevaux-cerfs-ours. Julien d’Huy explique cette répartition par les affinités qu’entretiennent les espèces entre elles et par le biotope qu’elles occupent respectivement.

Moïse (Michel-Ange)

 Moïse  est une statue de Michel-Ange, exécutée vers 1513–1515, intégrée dans le Tombeau de Jules II dans la basilique ...

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