Sur le sommet de la
colline de Byrsa, emplacement du forum romain, a été mis au jour un quartier
d’habitations puniques, daté plus précisément du début du IIe siècle av. J-C.
Ce programme édilitaire, qui a nécessité une organisation et une volonté
politique, a inspiré le nom du quartier, baptisé «quartier Hannibal» en
référence au grand général du début du IIe siècle av. J-C.
Aujourd’hui, cette
colline se distingue aussi par la silhouette massive de la Cathédrale Saint-Louis
de Carthage édifiée, à la fin du XIXe siècle, à l’emplacement de la sépulture
du roi Louis IX de France (Saint Louis) qui y mourut au cours de la huitième et
dernière croisade. Saint Louis l’entreprit dans l’espoir de convertir au
christianisme El-Mostancir qui régnait à Tunis. Partis d’Aigues-Mortes, au
début du mois de juillet 1270, les croisés, après un arrêt à Cagliari,
arrivèrent devant Carthage vers le 15 juillet. Ils réussirent à débarquer et à
s’en emparer. El-Mostancir songeait même à transporter sa capitale à Kairouan
quand la peste s’abattit sur l’armée française. Le roi contracta la maladie en
visitant les pestiférés. Il mourut saintement à Carthage sur un lit de cendres
le 25 août. Le corps de Saint Louis ne pouvait être ramené en France, sans
danger de contagion pour le reste de l’armée. Il subit donc une opération par
laquelle sa chair fut séparée des ossements. Ainsi la chair de Saint Louis est
conservée dans la cathédrale de Montréal, en Sicile, où le duc d’Anjou, frère
de Saint Louis, l’avait fait transporter tandis que les ossements avaient été
ramenés en France. Voilà pourquoi le Cardinal Lavigerie a pu, avec l’appui de
S.M. le roi de Naples, obtenir une partie des reliques de Montréal. Aussi
fallait-il un reliquaire digne d’un tel trésor. Reliquaire qui aujourd’hui est
conservé dans l’actuelle Cathédrale de Tunis.
Le reliquaire de Saint
Louis, est dû à M. le Comte R. de Buisseret, président du comité chargé de
recueillir les offrandes et les souscriptions destinées à la construction de la
basilique, qui a eu la généreuse pensée de faire réaliser ce reliquaire
magnifique pour contenir les restes de Saint Louis. Il s’adressa d’abord aux
fils et aux héritiers même de Saint Louis. Toutefois, la somme ainsi réunie
n’étant pas encore suffisante, d’autres souscripteurs ont voulu joindre leurs
noms à ceux des premiers : tous ces noms sont gravés en lettres d’or sur fond
noir des deux cotés du socle du reliquaire. L’artiste a représenté, pour
recevoir les reliques du Saint Roi, la Sainte-Chapelle de Paris, construite
sous les ordres de Louis IX lui-même pour les reliques sacrées de la Passion.
Deux anges, l’un symbolisant le génie de la Religion, l’autre celui de la
France, tiennent chacun, sur l’un de leurs bras élevés, la Sainte-Chapelle, portée
ainsi comme en triomphe entre le ciel et la terre.
Revenons à la
Basilique. De style byzantin-mauresque, elle a la forme d’une croix latine.
Conformément aux voeux du Cardinal Lavigerie, les 234 souscripteurs descendants
des anciens croisés ont leurs armes et leurs noms gravés sur le marbre et sont
fixés aux murs. Au dessus des galeries, tout autour de la nef et du choeur une
inscription latine très importante, reproduit la bulle du Pape Léon IX
consacrant le siège primatial de Carthage: « Sine dubio post romanum pontificem
primus archiespiscopus et totius africae maximus metropolitanus est
carthaginensis episcopus… » Il est hors de doute qu’après le Pontife Romain le
premier archevêque et le grand Métropolitain de toute l’Afrique est l’évêque de
Carthage. Ce dernier ne peut être dessaisi en faveur de quelque évêque
d’Afrique que ce soit, de ce privilège qu’il a reçu du Saint Siege Apostolique
et Romain. Il le conservera jusqu’à la fin des siècles et tant que le nom de
Notre Seigneur Jésus-Christ sera invoqué en Afrique car soit Carthage reste
abandonnée, soit qu’elle ressuscite un jour dans sa gloire… « sed obtinebit
illud usque in finem soeculi et donec invocabitur in ea nomen Domini Nostri
Jesu Christi, sive deserta jaceat Carthago, sive resurgat gloriosa aliquando ».
Finalement la Chapelle
du Saint-Sacrement, dédiée à Saint Louis constitue le chevet de la Cathédrale.
Au centre, s’élève une coupole dorée. Au-dessus de l’arceau intérieur et
central sont placées les armoiries de M. le Comte R. de Buisseret. Devant un
fond bleu semé de fleurs de lys, est l’autel que domine la statue de Saint
Louis ; autel qui en vertu d’un bref du 4 juillet 1892 a reçu du Souverain
Pontife Léon XIII la faveur d’autel privilégié. Cet autel, don des colons de
Tunisie, est un ex-voto offert en reconnaissance de la victoire et de la paix.
Le Cardinal Lavigerie a voulu que l’on conservât le Saint-Sacrement dans cette
chapelle, en souvenir des sentiments admirables qui animaient Louis IX, envers
la Sainte Eucharistie et des paroles pleines de foi qu’il professa la veille de
sa mort, avant de faire à Carthage sa dernière communion. Ces paroles sont
reproduites en lettres d’or sur la muraille. A gauche: «Vous croyez demandait
le confesseur de Saint Louis en lui présentant la Sainte Hostie en viatique que
ce soit le vrai corps de Jésus-Christ ? A droite: «Oh oui ! répondit le
monarque mourant et ne le croirais même mieux si je le voyais tel que les
apôtres le contemplèrent au jour de l’Ascension».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire