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Thuburbo Majus

Thuburbo Majus est un site archéologique situé au nord de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis, près de l'actuelle ville d'El Fahs. On peut admirer ses ruines depuis les rives de l'oued Miliane à Henchir Kasbat.
Identifié au milieu du XIXe siècle, les fouilles y sont restées incomplètes malgré plusieurs campagnes qui ont livré un matériel important déposé au musée national du Bardo, notamment des mosaïques et les fragments d'une statue colossale de Jupiter.
De par ces fouilles inachevées, en dépit de vestiges importants, en particulier ceux du Capitole, une grande partie des quarante hectares du site reste à dégager.
Située à 65 kilomètres de Carthage et à une faible distance d'Oudhna, la cité présente le double avantage d'être localisée dans une riche région céréalière et au carrefour de routes commerciales. Elle est également située entre l'ancienne Bagrada et l'oued Miliane, à flanc de coteau.
Elle devient un chef-lieu de district (pagus autant que civitas) en 27 av. J.-C., sous le règne de l'empereur Auguste. On suppose que l'endroit était déjà habité auparavant par les Berbères puis, de manière assurée, par les phénico-puniques de par la place des cultes des deux divinités principales à l'époque postérieure : Saturne reprend le culte de Ba'al Hammon et Junon Caelestis reprend le culte d'Astarté.


En 128, sous le règne d'Hadrien, la ville obtient le droit de cité (municipe) et parvient à maturité entre 150 et 250. Sa prospérité repose alors essentiellement sur le commerce entre l'intérieur des terres et les villes côtières. Selon les estimations, la ville compte à cette époque entre 7 000 et 12 000 habitants. L'empereur Commode octroie à la ville, rebaptisée Colonia Julia Aurelia Commoda, le statut de colonie romaine en 188. L'intégration à l'empire et la prospérité permettent à la cité de se parer d'édifices publics.
La cité commence à décliner vers la fin du IIIe siècle. L'empereur Constantin tente de revivifier l'agglomération qui compte alors encore 1 000 habitants. Renommée Res Publica Felix Thuburbo Majus, elle reçoit une nouvelle impulsion sous le règne de Constance II qui poursuit une politique de reconstruction, en particulier des thermes.
Elle entre cependant à nouveau en déclin sous le coups des invasions vandales et des combattants arabes qui propagent l'islam de village en village. La colonie est fortement endommagée par un tremblement de terre.
La ville devient par la suite un évêché, siège du diocèse de Thuburbo Majus suffragant de l'archidiocèse de Carthage, dont on connaît au moins quatre évêques : Sedatus qui prit part au concile de Carthage (256), Faustus qui prit part au concile d'Arles (314), saint Cyprien qui participa au concile des Églises de Carthage (412), au cours duquel il s'opposa au donatiste Rufinus, et Bennatus qui fut banni sous le règne d'Hunéric (484).
L'Église catholique le reconnaît aujourd'hui comme un évêché in partibus.


C'est seulement en 1857 que l'archéologue français Charles-Joseph Tissot arrache la ville de l'oubli. Les fouilles sont reprises en 1912 puis vers 1930, sous l'impulsion de Louis Poinssot, et enfin en 1957. L'essentiel des fouilles est effectué de 1912 à 1936. Un siècle et demi après sa découverte, les fouilles sont encore inachevées en raison de l'ampleur du site.
De nos jours, en dépit du caractère partiel des fouilles effectuées, et de par l'importance de ses ruines, elle constitue l'un des plus beaux sites archéologiques de Tunisie.
Les bâtiments dégagés, outre le Capitole, sont relativement modestes, ce caractère étant à relier aux faibles ressources des habitants.

De même, les temples ont été transformés en églises à l'époque romaine, aucune construction religieuse nouvelle n'ayant alors été entreprise. 
De son Capitole daté de 1687, quatre impressionnantes colonnes corinthiennes de 8,50 mètres ont survécu sur les 6 de la façade initiale à l'épreuve du temps et ont été redressées. La taille de la construction est comparable à celle du Capitole de Douga, derrière lequel il se situe de par son état de conservation. Les fouilles ont également livré les fragments de la statue colossale située au musée national du Bardo à Tunis, ainsi que trois favissae.
Le temple de Mercure, consacré en 211, se situe sur son côté nord-ouest, et possède un péristyle circulaire possédant huit colonnes. La proximité de la construction avec le forum suit les préconisations de Vitruve. On y trouve aussi deux sanctuaires consacrés à Saturne, dont l'un possède un plan de type oriental et aurait été bâti aux IIe ou Ier siècle av. J.-C.. Ce dernier sanctuaire, comme ceux de Mercure et de Junon Caelestis, a été utilisé comme église au vie siècle.
L'un des temples de Saturne a été bâti en hauteur. On y trouve également un « temple de Baalat », possédant un plan fréquent en Afrique, avec une cour outre le temple stricto sensu qui a été par la suite transformé en basilique chrétienne.
En contrebas du temple s'étend un forum carré à péristyle de 45 mètres de côté, édifié au IIe siècle et restauré au IVe siècle, bordé sur trois côtés par des portiques et le Capitole. On y accède par deux portes de petites dimensions sur ses côtés sud-ouest et sud-est.
À proximité se trouvent les vestiges de la curie, dont l'aménagement intérieur a pu être restitué, avec ses gradins et son estrade.

On peut également y voir un macellum (marché), place dont les côtés possèdent des boutiques.
Au sud-ouest du site, les vestiges des thermes d'hiver et d'été, avec de remarquables mosaïques, témoignent de l'architecture des bains de l'époque romaine.
Les « thermes d'hiver », s'étendant sur 1 600 m2, ont été construits à une date mal assurée, dans la seconde moitié du IIe siècle ou au début du IIIe siècle. Le complexe thermal a été rénové entre 395 et 408, une autre rénovation ayant eu lieu à une époque tardive indéterminée. La construction est encore utilisée à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. Doté de trois piscines, le frigidarium ne mesurait cependant qu'environ 70 m2. Deux des piscines ont été supprimées, peut-être au Ve siècle alors qu'une aile adjointe à la même époque est considérée par Yvon Thébert comme un espace consacré aux réunions.
Les « thermes d'été », à proximité immédiate du forum, étaient très richement ornés. À proximité se trouvent des latrines. Ils ont été construits à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle. L'édifice, s'étendant sur 2 800 m2, avec un frigidarium de 125 m2, est à considérer comme un édifice de taille moyenne. L'ensemble a subi de nombreux remaniements non datables mais a été restauré de façon assurée en 361. Il a existé un débat entre archéologues à propos de l'imbrication des divers éléments de la zone, et des incidences des constructions de la palestre des Petronii et des grandes latrines semi-circulaires sur l'espace thermal, en particulier les accès qui ont dû changer lors des divers bouleversements.
Située au nord-est des « thermes d'été », la palestre offerte par les Petronii à la ville en 225 était destinée à la pratique du sport. Proche de la palestre a été découvert un bas-relief représentant des ménades en train de danser, ce qui illustre l'imitation de modèles classiques dès le Ier siècle. L'un des côtés de l'édifice a fait l'objet d'un remontage, ce qui en fait un des atouts du site, les autres façades étant dans un état de ruines avancé.
L'orientation des salles chaudes des thermes a permis l'identification des deux lieux à l'usage lié à la saison : salles chaudes au nord pour les thermes d'été, au sud pour les thermes d'hiver. Le site possédait d'autres installations thermales, les « thermes du labyrinthe », les « thermes du Capitole », outre des thermes situés dans la « maison aux communs ».
Thuburbo Majus accueille par ailleurs un amphithéâtre qui prenait appui sur le relief et qui n'est pas encore totalement dégagé.
L'habitat privé a été moins l'objet de fouilles que les monuments publics ou religieux. Cependant, environ une vingtaine de maisons privées ont été dégagées.
Les constructions privées, de par la dureté du matériau local, étaient bâties de béton de plâtre.
Les archéologues ont pu déterminer que les classes aisées vivaient dans le quartier occidental de la cité, le quartier septentrional abritant des classes davantage populaires du fait de la proximité d'installations artisanales, en particulier des huileries.

À proximité du forum ont été retrouvées des habitations luxueuses, au sol recouvert de mosaïques et de marbre, certaines possédant un système de chauffage.




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