La Table de Jugurtha est une montagne du Nord-Ouest de la Tunisie, sur le territoire de la municipalité de Kalaat Senan (gouvernorat du Kef), constituée d'une mesa s'élevant à 600 mètres au-dessus de la plaine environnante, culminant à 1 271 mètres d'altitude et s'étendant sur plus de 80 hectares. Son classement sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco est proposé par le ministère tunisien des Affaires culturelles en 2017.
Le site présente toujours des vestiges d’occupation humaine de différentes époques, principalement médiévaux. On y trouve des indices d'une cité primitive avec des restes d'habitations, des greniers, des fortifications et des cavités creusées dans la roche pour retenir, jadis, les eaux pluviales.
Des escargotières, des dolmens, des haouanet, des stèles libyques et des vestiges de structures dont l'origine pourrait être protohistorique sont présents. Ils traduisent des pratiques cultuelles et culturelles par un ancien groupe humain.
Selon des études menées par des missions archéologiques franco-tunisiennes, reprenant les hypothèses d'André Berthier sur la géographie de l'Afrique du nord antique, la Table de Jugurtha correspondrait au récit de Salluste décrivant le champ de bataille qui a opposé le royaume numide aux Romains en 107 av. J.-C. Cette interprétation est cependant hypothétique. Durant le Moyen Âge, le site sert tantôt de forteresse pour contrôler la région, tantôt de refuge pour les populations indigènes, dans le cadre des luttes pour le contrôle de l'Ifriqiya.
La région environnante et ses plaines connaissent de nombreuses batailles entre envahisseurs, rebelles et maîtres du pays, sans que l'articulation entre la plaine de Bulla et la Table de Jugurtha soit claire sur le plan stratégique et militaire.
En 533, la plaine voisine de Bulla sert ainsi de refuge au dernier roi vandale Gélimer pourchassé par les Byzantins. Trois ans plus tard, elle sert de lieu de regroupement de l’armée rebelle de Stotzas qui s’oppose au patrice Solomon . En 686, à nouveau, les tribus berbères trouvent refuge dans la plaine voisine de Mermagenna après la mort du roi Koceïla.
Pendant le xe siècle et le XIe siècle, la plaine est un refuge pour les premiers Fatimides puis pour les Zirides. En 1283, l’émir hafside de Béjaïa, Abû Faris, y est tué par l’usurpateur Ibn Abi-Umara pendant que les survivants de la bataille trouvent refuge sur la montagne. En 1352, l’émir hafside Abû Ishâq Ibrâhîm al-Mustansir y est vaincu par des rebelles.
En 1644, Hammouda Pacha Bey vainc le cheikh des Hanencha, qui disposaient d'un refuge sur le plateau[6]. En 1694, Hussein ben Ali, soupçonné de trahison par les Mouradites, s’y réfugie avant de devenir maître de la régence de Tunis.
Au xviiie siècle, la Table aurait servi de refuge au brigand Senane, d’où le nom de la ville actuelle de Kalaat Senan (« fort de Senan »). Au xxe siècle, les Français y établissent une mine, désormais abandonnés.
En août 2017, le ministère tunisien des Affaires culturelles entame les premières démarches pour inscrire la Table de Jugurtha sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Le dossier de candidature est officiellement remis le 28 septembre 2017 au siège parisien de l’organisme par le ministre Mohamed Zine El Abidine. Le projet d’ouverture d’un musée consacré au site dans l’enceinte de l’ancien palais présidentiel de Habib Bourguiba est annoncé. Il est également prévu de fournir dans l'année qui suit un second dossier axé sur la valorisation et l’aménagement du lieu
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